La façon dont cet homme me regardait me plaisait. « Enfin quelqu’un qui s’intéresse à moi. », pensais-je assise derrière la vitrine. Cet homme semblait attiré par mon paraître et je crus un instant comprendre qu’il voulait davantage en connaître sur moi et mon histoire personnelle. Cette révélation, je la perçu enfin le jour où il décida de me toucher. A la façon dont il me tenait avec ses mains légèrement poilues et avec laquelle il caressait une à une chaque partie de mon corps, je réalisai de suite que ce nouvel amant deviendrait bientôt le mâle de ma vie. Il m’effleurait si passionnément que nous restâmes de longues années ensemble. Les soirées passées avec lui dans son salon resteront à jamais gravées dans ma mémoire. Son amour pour moi était tel que je fus comblée comme une fée. Mais des maîtresses, il en a eu bien évidemment. Toutes de très jolies dames qu’il faisait venir dans son salon sans aucune modération. Et moi, je restais là, immobile dans mon coin.
Un jour, alors que nous jouissions ensemble, il m’abandonna en plein extase sur le fauteuil.
Pleurant à chaudes larmes, la face sur le divan et le derrière en l’air, je m’endormis ainsi pendant de longues heures. Au réveil, ce furent les cris de sa nouvelle conquête qui me firent passer d’un état de bien-être absolu vers une sorte de conscience morbide de la réalité. Ils étaient tous les deux là en train de s’envoyer en l’air devant moi. Quel cinéma !
Je me sentis pour la première fois de mon existence, totalement effondrée, écrasée et ignorée. Mon impuissance résidait surtout dans le fait qu’il me manquait la parole pour hurler et les supplier de cesser cette orgie. En plus, j’étais toute petite et je me disais que les phrases que je lui avais répétées pendant toutes ces années n’avaient finalement servi à rien. C’est lorsque sa délicieuse partenaire enfila son peignoir avec une délicatesse renversante que je sentis ses grands yeux de femme fatale se poser avec sensualité sur moi. On aurait dit qu’elle éprouvait de la pitié à me découvrir dans un tel état. « Tu lis encore ça ? », demanda-t-elle à Franck qui était occupé à ranger son bijou sacré. Saisi par un sentiment de gêne intense, il s’empara du vieux bouquin et le jeta avec férocité vers les flammes de la cheminée de son salon. La Belle Dame ne su jamais ce qu’il était écrit à l’intérieur du livre tout froissé par ses ébats. Quant à mon âme, elle brûla en éclat et quitta ce monde en fumée. Fille d’Ovide, mon nom à moi c’était Lardémée.
© 04/12/2017 – Sara Diluna
Beau et émouvant texte ., la vie avec ses quatre revers joie et tristesse , passion et déception. On apprend beaucoup de l’expérience de notre vie n’est ça pas Sara? Et ce touchant texte fut.
Mes amitiés
Fattoum.