Comme une écharde à l’intérieur
Un début de phrase fiché dans le cœur
Un rai de lumière enfermé
Consumant les parois qui l’empêchent de briller
Une écharde que remue
Chaque seconde
Qui glisse et inonde
Ces instants où nos voix se rencontrent
Sans que je parvienne à desceller
Les barreaux qui retiennent les vrais mots prisonniers,
Chaque seconde
Qui noie le monde
Dans le silence qui nous enveloppe
Et tente d’extraire les mots hors de moi
Les mots que je retiens
A chaque fois
« Non rien »
Mâchoire serrée sous la brûlure ruisselant
Des sillons qu’ouvre un tiraillement incessant
Une écharde qu’enfonce un peu plus chaque jour
La peur et ses détours
Qui murmurera « plus tard » jusqu’au point de non-retour
La peur que ça sonne pas assez juste, pas assez clair, pas assez beau
Peur de s’emmêler, de tout gâcher, que d’un faux pas tout tombe à l’eau
Peur que les phrases se brisent, ébranlées d’un sanglot
Peur de se heurter à l’incompréhension
Peur de voir sa façade se dissoudre dans l’émotion
Une écharde qui commence à s’enraciner
Dans un cœur de plus en plus serré
A la vue des années qui t’éloignent de mon regard,
A la vue de la vie qui nous bouscule, nous change, nous égare
A la vue de tout ce mouvement,
Alors qu’à l’intérieur je bute sur le même obstacle en boucle
Depuis tout ce temps
Une écharde qui couvre de lambeaux
Les parois d’un cœur clos
Perforé
Par des martèlements affolés
Alors que la vie défile à la fenêtre du siège passager
La panique d’un compte à rebours
Une fissure pour issue de secours
Des mots qui cognent de plus en plus
Écho d’une peur
De louper le terminus
Une écharde universelle
Quelques paroles sincères égarées en chacun
Un murmure confié aux silences des nuits
Quelques paroles qui perlent au coin d’un œil qui luit
Car elles n’ont pas leur place dans les scripts quotidiens
Quelques paroles qu’on laisse filer d’un trait
Ou dont on perd le fil
Fébrile
Quelques paroles qui surgissent sans prévenir
Ou qu’on lutte pour faire sortir
Poussées à grand peine entre les balbutiements
Les larmes, les rougissements, les silences gênants
Le miracle dans l’imperfection
D’un discours gorgé de beauté
L’humanité pour ponctuation
Quelques paroles conclues d’un souffle
Un dernier soupir serein
L’envol d’une âme libérée
D’une écharde qu’on retire enfin
http://www.poesiedesrues.com/ecrits-collateraux/echarde
J’aime beaucoup ce texte tout en rythmes mouvants et changeants… Bravo et merci pour ce partage.
Merci à vous !
heureusement que l’écharde finit toujours par sortir.
Nous sommes emportés comme une glisse d’un navire sur un océan savage
arrivant enfin en la baie du repos, d’une île au soleil
Merci
Oliver
Merci beaucoup pour votre réponse Olivier, et merci doublement pour avoir pris la peine de commenter sur mon site, ça m’a fait très plaisir !