Lors de mon premier cours de philosophie en Terminale je découvris ce qu’avait à nous apprendre Héraclite, dit Héraclite du Pont :
l’homme est la mesure de toute chose.
Le même vent sera froid pour l’un et chaud pour l’autre. Aucun des deux termes n’appartient à l’idée de vent aurait conclu Platon.
D’ailleurs, depuis peu, la météo affiche la température ressentie à côté de celle du thermomètre.
De même dans les familles, la bouilloire à son thermostat avec lequel l’un se servira un thé à 60 degrés, l’autre et 70° et le dernier 80°. De même pour la douche la « bonne » température sera pour les uns à 25°, pour l’autre à 30 et pour le denier à 37, température du corps qui ne peut être que la «bonne ». N’empêche que l’on entendra :« tu as encore déréglé le thermostat de la douche »…
Le ressenti engendre une idée de normalité, d’universalité : est vrai et bon ce que je ressens comme tel.
Le physique et le mental, pour ne pas dire le moral, se tuilent donc fréquemment.
Un français se rendant au Canada dira qu’il est, selon lui, anormal de trouver que moins 25 degrés est une température normale ! Le québécois lui répondra que c’est son quotidien et donc une température normale.
Cela vaut aussi pour les autres sens, comme la vue et l’ouïe
Pour certains les musiques métal ou RNB sont des musiques de fous ou de sauvages, pour d’autres un nec plus ultra.
Quand Picasso a exposé son tableau Les demoiselles d’Avignon (titre original Les demoiselles du bordel d’Avignon) les premiers visiteurs ont crié au scandale, haro sur la pornographie. Puis on a qualifié ensuite cette toile d’érotique, puis d’originale et enfin de classique cubiste.
Quand le coté moral s’en mêle, cela peut engendrer l’anecdote suivante, vécue en Italie. Il y sera question de décence.
A la tour de Pise, les autorités avaient décrété qu’une tenue décente impliquait se couvrir les genoux et les coudes. Les visiteurs tiraient donc sur leurs manches de chemises et sur leurs jambières de bermuda pour pouvoir y monter après contrôle du vigile. Or, celui-ci laissa passer une femme en robe transparente, qui lui couvrait effectivement les genoux et les coudes. La décence était intacte. Sauf pour mes amis tireurs de manche et pour moi-même !
De tout cela on peut conclure que chaque personne jauge par son ressenti et qu’inconsciemment ou non, qui jauge juge.
Méditons paisiblement sur cette équation.