C’est depuis un moment,
Que mon comportement
Doit intriguer l’homme
Qui déjeune, comme
Moi dans cette salle,
Sous la lueur pâle.
Ah ! C’est bien évident,
Il déguste sans dents,
Je détourne les yeux,
Les siens sont vraiment bleus,
Mais sans expression,
Aucune émotion.
Ses cheveux fins, rares,
Son visage blafard
Aux rides prononcées
Me laissent à penser
Qu’un virus – entre nous –
L’avait mis à genoux.
Son corps est décharné,
On dirait condamné
A la solitude,
Est-ce l’habitude ?
Il n’a dit que “Bonjour !”,
Paraît ailleurs, toujours.
Des jours sont effacés,
On parle du passé,
Du temps, des maladies (!),
Unetelle a dit :
“Sans abri ? Croyez-vous
Qu’il reste parmi nous ?
“Du sida serait-il
Atteint, si fragile ? “
Conjecture … Perdu,
On sait, on ne sait plus.
Je ne veux médire,
Mieux : rien à dire.
Cet homme apprécié,
Au fil du temps lié,
Aux voisins qui sourient,
Souvent même, qui rient,
Nous gratifie parfois
De son timbre de voix.
Il est agréable,
Et à notre table,
Il propose de l’eau
Gazeuse, en cadeau,
Les verres teintent ainsi,
Un concert de mercis.
Ayant eu une idée,
Téléphones échangés,
Sans entrave de “mais…”,
Chacun s’y soumet.
Notre groupe dissout,
Nous rentrons tous chez nous.
“On se téléphone !
On n’oublie personne ! “.
Extraordinaire !
Moi, si solitaire,
J’ai pu donner le “la”,
Pour en arriver là !
Voilà qu’on m’appelle,
Quelle est la nouvelle ?
Chevalier servant,
Cette fois je l’entends,
Il récidivera,
De lui ne parlera …
Le mot “apprivoiser”,
Juste, sans pavoiser
“Vous pouvez me cerner,
Je ne sais pas berner !
Mais vous, qui êtes-vous ?
Une vie à remous ?”.
Moment de silence …
La voix, en nuances,
Hésitante, troublée,
Comme voilée, tremblée,
Me dit : ” Des substances,
Dans mon existence …”.
Fi de mes préjugés,
Je n’ai pas à juger,
Mais ne peut comprendre,
Ne pouvant dépendre
D’un produit. En somme …
J’ai aimé les hommes.
Son