Sa vie aurait pu être contenue dans un simple livret
Dont la 4ᵉ de couverture aurait plus de détails que ses pages
J’esquissai un sourire pour qu’il me reflète sans aucun blocage
Mais sa mise désespérée n’était pas prête à se laisser faire
Il a des souvenirs de moi donnant parfois une dîme
Dans mes temps d’excès où les pièces coulaient à flots
J’ai voulu un détachement pour ne pas devenir comme ce triste chemineau
Car les temps durs nous rendent avaricieux de chaque centime
Une salutation suffisait notamment pour qu’il se sente vivant
Dans un corps rongé par l’amertume de jadis
Un homme qui avait une vraie vie disait-il
Cela exprimait un respect pour sa personne qu’on remarquait presque accidentellement
Non pas par pingrerie, mais nous nous évitions de plus en plus
Sa peine douloureuse était contagieuse au point de le déshydrater
Mais n’ayant plus rien dans ses poches trouées pour se sustenter
Il jeûnait de longues périodes en mendiant pour rallonger ses tourments continus
Un beau jour, je m’en allais lui faire une visite
Dans la même rue qui l’abritait chaque nuit
Pour l’aider un peu après cet éloignement. S’est-il enfui
Les voisins n’ont entendu, la veille, que des sirènes et ont vu sa tente détruite…
Ce texte fort n’est pas extrait de mon vécu, mais, je l’ai écrite bien après avoir commencé à envisager d’écrire sur les sans-abris pour que l’inspiration puisse me parvenir.