Un vautour chauve, malgré son très jeune âge,
Déraison passagère ou réelle folie,
Est tombé fou amoureux d’une belle bien jolie,
Plus de prime fraîcheur. Un mariage
De passion non d’argent ou de raison !
Mais peut-on les plus vains ragots circonscrire ?
Malgré les quelques moqueries de saison
Chez les porte-plumes du coin ou les rires
Et les sourires des coureurs de chaos,
Ils filent le parfait amour dans leur aire,
Comme dans les airs sans heurt et sans cahot
Mais pas sans appréhension. Au contraire.
C’est surtout elle, Madame croque-mort,
Qui s’inquiète, le temps passant : peut-être,
– Ça pourrait venir vite sans y paraître ! –
Un jour, regardera-t-il, malgré le mors
Qu’elle lui a passé, un tendron de son âge,
Ou pire plus jeune avec de tendres appâts
Qui la montreront tout à son avantage.
Elle stimule son ambition, pas
Une mesquine, mais la seule qui vaille
La peine pour un bel et bon charognard
De cette envergure, qui soit à la taille
De son talent : celle de roi montagnard.
Elle lui permit donc de saisir sa chance,
Dehors l’aigle, roi-soleil et dieu-pluie.
Et, sans regarder derrière lui
Car ce n’est pas de ce côté qu’on avance,
Avec elle, il évinça les prétendants
Au trône – épervier, busard, gypaète,… –
Donc tous les rapaces ayant quelque ascendant,
Ici, sur les oiseaux, de l’humble caillette
Jusqu’au héron. Mais fort grisant, le pouvoir
Attira à lui mille vaines poulettes
Qui succombèrent à son charme, et il fit voir
Les pierres à sa femme… qui prit la voilette.
Quand le remède est pire, hélas, que le mal
On paie longtemps ses choix d’un flux lacrymal
Que rien, sois-tu humain ou animal,
Ne tarit sauf la mort, tarif minimal.
Bonjour Christian
Une envergure à sa beauté poétique en cette fable rapacienne, un écrivain à la plume envolée sur les cimes de ses rimes
et au pied de cette montagne de mots la chute est réaliste
Douce journée l’ami bises !
Béa
Milel mercis pour tant d’honneurs, Béa. Au plaisir de vous lire…