La poésie est le chant de la culture, laquelle créée des formes qui échappent à la mort.
Ce voyage commence par des vers de Villon (« La ballade des pendus »)
Frères humains qui après nous vivez,
N’ayez vos cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous merci.
Puis viennent des vers de Ronsard (« Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie »)
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Et des vers de La Fontaine (« Le loup et l’agneau »)
Et je sais que de moi tu médis l’an passé.
– Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?
Reprit l’Agneau, je tète encor ma mère.
– Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.
Puis ceux de Hugo (« L’expiation »)
Il neigeait. On était vaincu par sa conquête.
Pour la première fois l’aigle baissait la tête.
Sombres jours ! l’empereur revenait lentement,
Laissant derrière lui brûler Moscou fumant.
Et des vers de Nerval (« El Desdichado »)
Je suis le ténébreux – le veuf – l’inconsolé,
Le prince d’Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule Étoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
Puis ceux de Baudelaire (« Les phares »)
Watteau, ce carnaval où bien des cœurs illustres
Comme des papillons, errent en flamboyant
Décors frais et légers éclairés par des lustres
Qui versent la folie à ce bal tournoyant
Et des vers de Heredia (« Les conquérants »)
Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde occidental.
Puis ceux de Verlaine (« Langueur »)
Je suis l’Empire à la fin de la décadence,
Qui regarde passer les grands Barbares blancs
En composant des acrostiches indolents
D’un style d’or où la langueur du soleil danse.
Et des vers de Rimbaud (« Roman »)
Nuit de juin ! Dix-sept ans ! – On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête…
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête…
Puis des vers de Banville (« Le saut du tremplin »)
Enfin, de son vil échafaud,
Le clown sauta si haut, si haut
Qu’il creva le plafond de toiles
Au son du cor et du tambour,
Et, le cœur dévoré d’amour,
Alla rouler dans les étoiles.
Et ceux d’Apollinaire (« La chanson du mal aimé »)
Mon beau navire ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire
Avons-nous assez divagué
De la belle aube au triste soir
(À SUIVRE)
Merci pour ce bouquet poétique. Bonne année !
Merci André pour ce beau florilège poétique qui ouvre avec splendeur cette nouvelle année.
Je profite de l’occasion pour vous la souhaiter bonne avec un florilège de joie, de bonheur, de paix et surtout de santé.
Bonne continuation c’est toujours un plaisir de vous lire.
Alain