Souvenirs à quatre pattes (partie 6) – Odile Stonham

Pour ce qui est de Winnie, nous n’avons pas eu l’occasion de savoir si elle aussi faisait partie du clan des phénomènes. Pour moi, il n’y a aucune raison qu’elle n’en faisait pas partie car sous ses airs de chatte bien tranquille, je pense qu’elle avait aussi du caractère.

Ce qui me fait écrire ou plutôt taper ces mots à l’ordinateur, c’est que Winnie n’était pas heureuse avec le copain de Frédéric. il ne s’en est pas beaucoup occupé et la petite chatte l’a bien senti. Elle s’est échappée un jour de l’appartement pour trouver, dans le même immeuble, une gentille personne qui lui a donné à boire et à manger.

Mon mari a eu la chance de parler à la personne en question et lui a expliqué qui il était, que Winnie nous avait appartenu avant d’être donnée et que si elle était d’accord, elle pouvait la prendre. Ce qui s’est passé par la suite : Winnie a été sauvée et a trouvé un foyer où elle serait heureuse !

Merci à vous Madame !

Les jours ont continué à passer en compagnie de Topaze et Chipie. Petit à petit, j’arrive au fameux jour fatidique. Je ne m’étendrai pas dans les détails, car bien que cela remonte à quelques années, le chagrin est toujours là.

Disons que ce fameux jour, j’avais un rendez-vous qui était prévu pour être le matin et qui, au dernier moment, a été changé. Cet imprévu, je ne l’ai pas bien senti et encore aujourd’hui, je me pose cette question en me disant que le destin aurait été autre pour Chipie et que peut-être, elle serait encore avec nous au moment où je tape ces mots sur l’ordinateur.

Mais je ne suis pas voyante. Je le devine, c’est tout. Comme les deux fois précédentes où Frédéric et moi avons trouvé Chipie dans des jardins pas très loin de chez nous et qui ne savait pas où étaient les sorties. Pauvre petite chatte ! Je la revois encore miaulant quand elle m’a entendu l’appeler par son petit nom et moi me dirigeant vers elle pour la trouver derrière un grillage pour l’un des jardins et derrière une clôture pour l’autre. Je la revois encore en train de creuser la terre avec ses jeunes pattes de devant pour aller me retrouver ! Toujours en miaulant…

Je ne vous dis pas la réaction de Chipie les deux fois que je l’ai prise dans mes bras, ses péripéties terminées ! Déjà, elle n’a pas voulu que Frédéric la prenne avec lui. Mon fils en a ressenti un peu de jalousie au début et puis il a réfléchi : après tout, j’étais comme une maman pour notre petite chatte. Et puis, sans réfléchir, j’ai dit à Chipie une phrase que je n’aurai pas dû dire. Je lui ai dit que nous l’avions sauvée déjà deux fois et qu’à la prochaine, ce n’était pas certain que nous serions sur place !

Pourquoi avoir dit ces paroles qui me semblent être, ce soir, comme prémonitoires ? Ce soir encore je m’en veux de les avoir prononcées… Car la troisième fois a bien eu lieu et elle a été plus terrible, plus dure pour Chipie. Je dirai seulement qu’elle est tombée sur une personne malveillante et qu’il a fallu l’emmener chez le vétérinaire pour tenter de la sauver.

Malheureusement, c’était trop tard. Une piqûre lui a été faite mais le mal était fait… Chipie s’est endormie une dernière fois après avoir miaulé  et après avoir entendu ma voix qui lui disait que cela allait aller… Elle est partie quelques jours avant mon anniversaire, quelques mois avant sa première année…

Chipie, comme Winnie, ont été prises en photos. Et là aussi, elles sont dans des cadres à côté de Boule, Mimi-Ange, Topaze et la Petite.

Le départ imprévisible de Chipie, ainsi que la façon dont elle est partie, nous a longtemps révolté. Elle ne méritait pas de s’en aller ainsi et aujourd’hui encore, je crie ma colère voire ma profonde aversion pour la personne qui a fait ce geste. Malheureusement, nous ne saurons jamais qui est le responsable en question mais ce que nous avons appris par la suite a renforcé ce que nous pensions : la mort de Chipie a été provoqué de façon délibérée…

J’arrête là car cela devient trop dur pour moi.

La première nuit que nous avons passé sans elle n’a pas été trop dure pour Topaze et nous. Chipie était chez le vétérinaire, en bonnes mains et tous nous avions espoir qu’elle allait s’en sortir. Mais nous avions aussi en tête les mots du vétérinaire qui disaient que Chipie avait 50 % de chance de se tirer d’affaire comme 50 % de risque d’y rester.

Le lendemain matin est arrivé et à 9 heures, comme prévu, nous avons téléphoné pour avoir de ses nouvelles. Et c’est là que nous avons appris que la petite Chipie s’en était allée dans la nuit… Plus tard dans la journée, mon mari et moi sommes allés chez le vétérinaire. Ceci afin de régler les dernières formalités comme celle de la faire incinérer dans la clinique de ce dernier. Mon époux pensant, en effet, que cela aurait été trop dur pour moi de la savoir enterrée dans notre jardin…

Durant cette journée, nous avons observé Topaze. Elle ne semblait pas chercher sa fille et cela nous a rassuré dans un sens. Nous ne savions pas, en effet, comment elle aurait réagi en ne la voyant plus à ses côtés. Nous avons eu la réponse la nuit suivante. Nous étions couchés depuis quelques bonnes heures déjà quand j’ai entendu Topaze miauler à la porte de notre chambre. Pensant qu’elle voulait sortir, je me suis levée. Je ne sais plus si je l’ai prise dans mes bras ou si elle a descendu l’escalier avec moi à ses côtés. Toujours est-il que notre Topaze ne voulait pas aller dehors.

Devinant ce qu’elle voulait, je me suis alors assise sur le canapé et Topaze, sans hésiter, a sauté sur mes genoux. Et là, je me suis mise à lui parler de Chipie, de sa fille qui nous avait quittés la nuit précédente. Topaze ne bougeait pas. Elle s’était pelotonnée contre moi et j’ai eu l’impression qu’elle m’écoutait…

Nous sommes restées ainsi toutes les deux pendant un très long moment dans le silence nocturne de la maison. Puis je suis allée me coucher, laissant Topaze se mettre à l’endroit où je me tenais auparavant et après lui avoir souhaité une bonne nuit en la caressant.

Comme je l’ai écrit bien auparavant, au début de ce recueil de souvenirs, je ne suis pas une spécialiste des chats. Mais le fait d’avoir parlé ainsi de Chipie à Topaze nous a “permis”, à toutes les deux, d’accepter tant bien que mal son départ soudain.

Des jours et des nuits ont passé depuis. Topaze a tenu bon et de mon côté, même si ce n’est pas encore évident, je tiens le coup également car je n’ai pas le choix…

 

Texte écrit par Odile Stonham @ Tous droits réservés.

Nombre de Vues:

12 vues
Odile Stonham

Odile Stonham (232)

Bonjour,
Je m'appelle Odile et j'ai soixante-et-un ans. Je vis en Normandie, particulièrement dans le Calvados. Je suis mariée et j'ai deux grands enfants dont l'un m'a donné la joie d'être grand-mère de deux petits bonshommes : Ethan et Alexander.
J'ai commencé à écrire des poèmes à l'âge de seize ans et cela m'a beaucoup plu. Puis, petit à petit, j'ai continué à en faire. Etant sentimentale de nature, cela y a peut-être contribué. je ne sais pas. Mes sujets sont variés. Je les prends comme ils me viennent.

S'abonner
Me notifier pour :
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires