Petite fable affable
Face au vieux cuveau, sur sa sellette,
La Marie est là, avec sa drôlette
Qui lave son linge à grande eau
Vouant aux gémonies son trousseau.
Ces silhouettes insolites s’échinent
À blanchir à la main, pas de machine !,
Fanfreluches, chemis’ à trous,
Jupons, cotillon et frou-frous.
La fille à Marie s’épuise à la tâche
Voulant faire disparaître ses taches
Avec un savon acheté
Au colporteur sans chicheté.
Sur le paquet de son pain, on indique
Que ce-dernier, quoiqu’à un prix modique,
Lave plus et mieux que d’aucuns
Car il mousse sans mal aucun.
Mais la pauvrette gratte, bat et frotte,
Rince et douche, sans jouer la jabote,
Dans les bulles, sans décrasser
Comme elle le veut, harassée.
On lave son linge sale en famille
Chez nous, donc sa mère, sous la ramille,
Décrotte avec plus de succès
Ses effets, corsets et lacets,…
Aussi cette fille s’ouvre à sa mère,
Mains rougies, front rosi et lippe amère :
« J’ai beau trémousser des appâts,
Ça ne nettoie peu ou pas !
– Tu as pris le mauvais outil, Ma Rose,
Tentée, de trop, par l’écume des choses.
Pour choisir un savon, mâtin,
Ai-je besoin de baratin ?
T’aurais demandé, j’aurais dit, Ma Douce,
Que ce n’sont jamais les savons qui moussent
Le plus, ceux qui lavent le mieux…
Pareil pour l’homme, jeune ou vieux ! »
© Christian Satgé – janvier 2015
Sourire, un mélange de Brel et de La fontaine…
que j’aime…
Anne
Merci beaucoup Anne. Avec de telles références je me voyez des plus flattés.
Au plaisir de vous amuser encore…
Amicalement
Christian