Remède de cheval – Christian Satgé

Petite fable affable

Au débotté, chez Julien, vint la Jeanne,
Dents, culotte et queue de cheval,
Embarrassée comme une liane,
Pour un problème gingival
Chez son canasson, une carne
Qui ne trotte que sur les marnes
Épierrées, ne court qu’en des prés
Secs et ras – taillés au plus près –
Mais, Dieu, pas jusqu’à la vesprée,…

Julien connaissait bien les bêtes.
Elle lui exposa son souci,
Il se gratta longtemps la tête
Puis jugea, moustache roussie,
Qu’une purge était inopportune.
« J’ai connu pareille infortune
Fit l’Ancien, avec mon Pompon,
Un roussin pas bourrin, fripon,
Mais pour le travail pas capon !

– Et à cette bonne nature
Qu’as-tu donné contre son mal ?
C’était une belle monture !
J’y ai fait des tampons, pas mal,
Imbibés de térébenthine,
Pour ses gencives en gélatine.
– “Térébenthine”, tu me dis ?!
– Oui, c’est bien ça que je te dis… »

Lui coupant la chique, aux siens champs
Elle partit tout aussitôt
Pour revenir une semaine
Plus tard, avec un air méchant :
« Tu m’as bien dit térébenthine
En bouchons et bouche on patine ?!
– Ben oui, moi j’avais fait ainsi.
– Ben ça l’a tué,… oui occis !
– C’est étrange,… le tien aussi ! »

D’aucuns se croient doués, rusés,
En copiant, tel quel, les réponses
Par leurs voisins utilisées
Sans attendre qu’ils annoncent
Quels beaux fruits ils en ont tiré,
Et, mieux, quel dépit retiré !

© Christian Satgé – mars 2015

Nombre de Vues:

10 vues
Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

S'abonner
Me notifier pour :
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires