Quelques épisodes de ma vie (2ème partie). – Odile Stonham

Un soir, alors que je n’avais que sept ou huit ans, j’ai regardé un film à la télévision en compagnie de mes parents.

Le sujet était un western comme on savait le faire dans les années cinquante et interprété par un certain acteur que vous avez dû reconnaître en lisant cette phrase.

Je parle de John Wayne bien sûr. Papa l’aimait bien et il ne ratait jamais une occasion de le voir quand il passait sur le petit écran.

Qui dit western, dit cow boys et indiens sans oublier les merveilleux décors naturels s’offrant à nos yeux émerveillés tels que les canyons pour ne citer qu’eux.

Qui dit western dit aussi le bureau du shérif, la banque, les écuries, la forge du maréchal-ferrant, le general store où l’on trouve de tout et enfin le fameux saloon.

Ce dernier, je le garde pour la fin. J’ai une bonne raison pour le faire. Je n’en dis pas plus. Qui dit donc western dit saloon avec son célèbre instrument qui ressemble à un piano mais qui n’en est pas un ; ses entraîneuses ; son comptoir où une quantité innombrable de bouteilles de whisky a été bue et enfin sa célèbre porte à double battants.

En évoquant celle-ci, j’ai regardé sur Internet pourquoi elle était si singulière. Il se trouve qu’à cette époque, elle était conçue ainsi pour chasser l’odeur provenant de la fumée du tabac, la plupart des fenêtres ne s’ouvrant pas. De plus, elle laissait entrer l’air frais, indispensable quand le saloon était donc enfumé par les fameux joueurs de poker…

Je finirai mon évocation du mot western en parlant de ces éternelles bagarres entre les bons et les méchants. Déjà, dans ce genre de film, il y a deux sortes de bagarres : l’une avec les poings et l’autre, beaucoup plus radicale : avec des armes à feu. Mais là, il s’agit plutôt de règlements de compte entre les deux parties.

Là, je fais une petite parenthèse qui fera plaisir à mon père. Les armes utilisées par ces individus étaient des revolvers et non des pistolets. Combien de fois Papa a rouspété quand il entendait les acteurs prononcer cette seconde arme alors que c’était la première qu’il fallait dire.

J’ajouterai pour finir cette comparaison que Papa avait été armurier pendant la guerre d’Indochine. Il connaissait donc bien son sujet !

Je reviens au passage en question où les bons et les méchants se tiraient dessus. Ce fameux soir où j’ai donc regardé ce western, il m’a semblé avoir vieilli de quelques années après avoir vu une scène où l’affreux se fait abattre par John Wayne, ou plutôt par le rôle qu’il interprétait.

Il me semble que c’était un shérif mais je n’en suis pas sûre. Dans ma tête d’enfant, j’ai trouvé normal que le méchant meure ainsi si je peux m’exprimer ainsi. Après tout, il n’avait pas été gentil et pour moi, il le méritait. Un point c’est tout !

Plus tard, le film une fois terminé , je suis allée me coucher. Mais auparavant, j’ai échangé quelques phrases avec Maman et j’ai parlé de ce passage en disant en conclusion que cela ne risquait pas de m’arriver pour plusieurs raisons.

Ma mère m’a alors demandé lesquelles et en retour, je lui ai répondu que déjà l’Amérique c’était trop loin de la petite ville que nous habitions, que nous n’étions plus à l’époque des westerns et que surtout, je n’avais pas le risque de mourir ainsi, tuée de plusieurs balles comme le méchant de ce film.

Et c’est là qu’une phrase de Maman m’a fait comprendre combien je me trompais. Elle m’a dit ce soir là qu’il y avait différentes façons de mourir : une maladie ; un accident entre autres.

Ce que je n’avais absolument pas pensé. Dans ma candeur de petite fille, je m’imaginais alors que je mourrai très âgée, dans mon sommeil et surtout sans souffrance. Tout le contraire de la réalité !

Il aura fallu que je regarde ce western pour comprendre que j’avais tout faux !

Mais au fond de moi, malgré les années passées bien après cet événement, je garde un peu de cette naïveté et je souhaite de tout mon coeur que mes deux petits bonshommes l’auront longtemps en eux.

 

Texte écrit par Odile Stonham @ Tous droits réservés.

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Odile Stonham

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Bonjour,
Je m'appelle Odile et j'ai soixante-et-un ans. Je vis en Normandie, particulièrement dans le Calvados. Je suis mariée et j'ai deux grands enfants dont l'un m'a donné la joie d'être grand-mère de deux petits bonshommes : Ethan et Alexander.
J'ai commencé à écrire des poèmes à l'âge de seize ans et cela m'a beaucoup plu. Puis, petit à petit, j'ai continué à en faire. Etant sentimentale de nature, cela y a peut-être contribué. je ne sais pas. Mes sujets sont variés. Je les prends comme ils me viennent.

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Plume de Poète
Administrateur
3 juillet 2024 18 h 18 min

Merci Odile pour ce beau récit qui me rappelle bien des souvenirs.
J’ai classé votre texte dans l’espace des Nouvelles car je pense que c’est bien approprié.
Bonne continuation et au plaisir de vous lire.
Alain