Quarante ans plus tard -André Nolat

  1. Au lendemain d’une d’errance, de 17 heures à 2 heures du matin, dans Clermont, la  ville aujourd’hui mutilée qui m’a  donné, jadis, en douze années, le meilleur de ma vie.

 

QUARANTE ANS  PLUS TARD

               Un jour vient que rien n’est plus qu’un récit 
                                                   rien ne fut rien n’est comme on le raconte »
                                                                                                       ARAGON, Les Adieux
                                     

La ville noirâtre, déserte, sent la cendre

Quelques fades lueurs trouent l’indifférente nuit.

On a beau, sous les lampes, monter ou descendre

Ne vivent plus ici que les gouttes de pluie.

 

Que sont donc devenus les copains du quartier

Les cinés, les bistrots et les bals d’autrefois ?

Au milieu des larges boulevards frontaliers

Un volcan en furie a-t-il craché sa poix ?

 

La tristesse sans nom à chacun des détours,

Les maisons racornies par d’infâmes brûlures

Font un tel silence – mais qui pèse si lourd –

 

Qu’on le croirait fermé d’une énorme serrure.

L’ombre fumeuse des arbres griffe les cieux.

On dirait qu’il pleut aussi au creux de mes yeux.

 

 

 

 

Guy André Talon

André Nolat (43)

J'ai publié, chez de petits éditeurs sérieux et en autoédition avec souscription, sous le pseudonyme d'André Nolat (que je tiens à conserver), des plaquettes, des nouvelles, des chroniques, des essais. Je ne m'en prévaux guère.
Par ailleurs, je vis seul depuis le décès de ma compagne, et j'aime lire, écrire, voir des films, des débats télévisés, etc.
Quant à ma vie passée, plus agitée, elle a fait l'objet de divers récits liés à des lieux où j'ai vécu - presque tous détruits ou métamorphosés... C'est pourquoi à partir d'un certain moment de son parcours, je crois qu'on peut dire, citant Céline, " qu'on est plus qu'un vieux réverbère à souvenirs au coin d'une rue où il ne passe déjà presque plus personne."

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11 Commentaires
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Lucienne Maville-Anku
Membre
28 novembre 2021 10 h 44 min

Je ne dirai pas “quelle poisse”…
🪶 Ce texte poétique merveilleusement sombre est si empli de beauté par les fortes images métaphoriques et “personnificatrices” qui soutiennent et cadrent sans l’enfermer son message poignant.
🪶Si beaux et bouleversants ces vers qui concluent sans conclure votre écrit :
“L’ombre fumeuse des arbres griffe les cieux.

On dirait qu’il pleut aussi au creux de mes yeux.”

Magnifique peinture.

Colette Guinard
Membre
28 novembre 2021 10 h 04 min

Nostalgie des jours anciens qui ne sont plus, bon dimanche dans ce silence des souvenirs! Colette

Martyne Dubau
Membre
27 novembre 2021 21 h 21 min

un écrit nostalgique sous la forme d’un sonnet …
il est des endroits où les silences font un tel vacarme

Anne Cailloux
Membre
27 novembre 2021 19 h 18 min

Magnifique ecrit, je suis partie avec vous l’espace d’un instant, émouvant…
Si je peux me permettre, juste une remarque , trop court à mes yeux, un peu plus, aurait été trés bien.