Ce beau Moyen Age nous donna l’émotion,
D’un poète des sans grades et des bas-fonds
Qui pour quelques coups par pendaison,
S’en alla risquer son cou à Montfaucon !
Délaissant le latin quartier et la tonsure,
Contre une vie de débauche et de luxure
Qui, de larcins d’écus, en prison le jeta.
Si le onzième roi, des barreaux le libéra,
Venite ad judicum ! Pauvres magistrats,
Vaniteuses robes rouges ou noires de loi
Crûtes-vous réduire à néant, le magistère
De l’Auguste de la rime, à la plume de fer ?
D’abondantes bastonnades en ces ruelles
Parisiennes, te mirent en bannissement
Pour un prêtre qui te voulait querelle.
Fuit la cour des miracles au gré du vent !
Pleurent les gargouilles de Notre Dame !
S’émeuvent les ribaudes pour ce drame !
Par double sens en antiphrases éprises,
Abélard s’en va retrouver son Héloïse
Quand sur le parvis du temple sacré ,
Les gribouilles dansent la folle farandole
Au son de tes octosyllabes ciselées,
De ton lais, qu’accompagnent les citoles
Des troubadours d’hier et d’aujourd’hui.
Testament pour les gueux à la postérité,
Légué, tu cherchas en chrétienne charité
La repentance de ton honneur, enseveli.
Sonnet des regrets implorant le pardon,
D’un Dieu ému par la splendeur du Villon !
Ton nom résonne en étroites venelles,
Sous les toits de la royale cité de l’ile,
Saint Louis, au gré du fleuve éternel ,
Témoignent de tes aventures juvéniles
Avec Thaïs, ou Jeanne la vierge lorraine
Liées à jamais à Fiona la belle romaine !
L’instant de ton antan te fera l’immortel,
Conteur infatigable des ballades éternelles
Qui au firmament brilleront ! Marot le sut,
En ce vieux français, jeune François, tu fus
Le prince du beau, des gueux et du sordide ,
Le chantre mythique du laid et du splendide.
Ô Neiges chantez la légende villonienne,
De poésies à l’antan qui est et questionne,
Érudits, savants, étudiants en vieille Sorbonne.
Au sanctuaire des lettres, l’antique gardienne,
Des mots, te louange en patriarche maudit,
D’humbles héritiers, par ton génie, éblouis.
Merci pour cet hommage à un très grand que Georges Brassens sortit de l’ombre pour un grand public qui apprit alors la beauté et la richesse de ces siècles médiévaux que l’on considère toujours, à tort, comme « un âge obscur »…