PLAN DE PARIS, 1929 – ANDRÉ NOLAT
Ce poème devait faire partie d’une plaquette sur l’entre-deux-guerres que dirigeait Romi mais dont la mort de celui-ci en 1995 a interrompu la réalisation.
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Que j’aimerais pénétrer au cœur de ce plan
De Paris, à la fin des fiévreuses années vingt,
Quand des anciennes Halles, les pavillons brûlants
Au crépuscule du soir, soufflaient de lourds parfums.
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Dans les rues de minuit, les fiers bordels rouges
Flambaient telles des forges à battre le plaisir ;
Les filles de la nuit, postées au coin des bouges
.Captaient nonchalamment le flux noir des désirs.
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À l’aube, les ouvriers marchaient vers les fabriques
Plongeant leurs doigts glacés dans l’or des lendemains
Ils croyaient qu’au pays de l’Union soviétique
On édifiait, pour eux, un monde plus humain.
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Mais, hélas, aujourd’hui tous les espoirs sont morts.
Comme la ville éventrée qui rêve au néant
L’Europe, intelligente et gangrenée, s’endort
Et roule, les yeux mi-clos, vers le gouffre béant.
Triste portrait de Paris. A une période pas plus sereine que celle d’aujourd’hui
Comment faut-il faire pour espacer les quatrains ?