Pas sage… mais passagère – Christian Satgé

Petite fable affable

Après vingt années de mariage,
Un homme qui fait bien son âge,
À son épouse posément dit :

« Il y a vingt ans, sans contredit,
On avait appartement antique,
Vieille automobile asthmatique.
Nous dormions sur le canapé
Et nous avions peu à tchaper
Une petite télé, poussive,
Noir et blanc, aux sautes compulsives,
Mais je couchais avec une blonde
De 2O ans, la plus belle du monde…
Maintenant, on a une maison
Immense, deux autos très rapides
Filant plus vite que de raison,
Le home cinéma de la saison
 Et lit à baldaquin insipide
Où je dors mal avec une bique
De quarante ans, qu’est presque cubique,
Dont la libido, alibi, dort ! »

Sa femme, ravalée de la veille,
Lui jette un regard de matador,
Interloquée, répond : « Merveille !
Dis-toi, mon vieux, et tout à trac,
Toi qui n’aimes avoir l’esprit en vrac,
Que si tu te trouves quelque blonde
De vingt ans, “la plus belle du monde“,
Mon avocat fera, mon chéri,
Qu’aussitôt, pour cette vacherie,
Tu vives en appartement antique
Et n’aies que vieille auto’ asthmatique.
Vous dormirez sur le canapé
Et n’aurez, las, que peu à tchaper
Devant une p’tite télé, poussive,
Noir et blanc, aux sautes compulsives ! »

Messieurs méditez tout cela :
La femme que l’on met en colère
Fera, jusqu’a ce qu’elle ait bras las,
Que Justice vous mette en galère…
Passe ainsi le goût des téquilas
Accompagnant la fameuse « crise
De la quarantaine »… Ça défrise !

 
© Christian Satgé – janvier 2018
Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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4 Commentaires
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Invité
13 mai 2019 13 h 33 min

Bonjour Christian chat alors j’adore
Après vingt ans d’mariage
Une femme aux atouts charme
Dit à son homme sans âge etc à suivre
douce journée et belle semaine cher conteur

Invité
12 mai 2019 11 h 16 min

Cette petite fable a t-elle une version féminine de la crise de la quarantaine masculine ? Le ventre à bière, la libido nécessitant béquilles (joli, non ?), la calvitie version moine ? Allez, sans rancune, je ne suis ni blonde, ni cubique ! Bon we.