Il y a plus de vingt ans, j’ai tenté de faire quelque chose pour améliorer la vie des personnes non-voyantes dans leur quotidien.
L’idée m’était venue par hasard, un jour que je rentrais de mes commissions. La radio était allumée et c’est ainsi que j’ai entendu le chanteur Gilbert Montagné qui parlait de ses semblables au journaliste qui l’interviewait.
Intéressée, je me suis assise à la table de la cuisine et j’ai écouté le restant de l’émission. Avant qu’elle ne finisse, Gilbert Montagné a fait une remarque qui ne m’avait pas laissée indifférente. Il évoquait, en effet, les difficultés que rencontrent les personnes aveugles quand elles vont au restaurant : les menus ne sont pas transcrits en braille.
Il avait raison et je me souviens que de mon côté, en l’écoutant dire ces paroles, j’ai trouvé cela inadmissible. En effet, pourquoi existe-t-il des menus pour les personnes voyantes et aucun pour celles privées de la vue ?
Beaucoup plus tard, j’aurai la réponse et je la trouverai complètement absurde.
A l’époque, j’étais demandeuse d’emploi et depuis quelques semaines, je m’étais incrite dans une association destinée aux femmes et où une session d’élaboration de projet aurait lieu pour celles qui désiraient se reconvertir.
De mon côté, je n’avais pas beaucoup travaillé auparavant car j’étais mère au foyer. Les enfants avaient grandi et ils n’avaient plus besoin de moi. J’avais donc, par conséquent, plus de liberté et cette idée de faire, d’être utile à quelqu’un, à quelque chose, m’est apparue comme une évidence après avoir écouté Gilbert Montagné.
J’en ai parlé aussitôt à mon mari ainsi qu’à nos deux fils qui m’ont écoutée attentivement. Comme moi, ils ont reconnu que rien n’était fait, du moins à notre connaissance, pour les personnes privées de la vue dans le domaine de la restauration.
Réconfortée, je me suis lancée dans ce projet tout nouveau pour moi et des années après, même si ce dernier n’a pas pris le chemin que je voulais, j’en garde un excellent souvenir malgré aussi quelques déceptions.
Mais je n’en étais pas encore là. La session d’élaboration de projet s’effectuant dans un autre endroit de là où je vis, j’ai dû prendre le train. Cela ne me dérangeait pas car j’ai toujours aimé ce genre de transport et la campagne du Pays d’Auge est toujours agréable à regarder, quelle que soit la saison.
@ Tous droits réservés.
