Mitaine trouée
La misère en poche, à errer tout l’hiver
L’homme aux yeux et au ventre qui braillent la faim.
Quand le froid approche, les habits n’ont guère
L’épaisseur propice à réchauffer le défunt.
Du bouc de quelques jours devenu barbe
De tant de semaines, il siège la gare.
En misérable qu’il est, il reste hagard
Face aux obscènes regards des mal aimables.
D’un morceau de carton improvisé fauteuil
Il scrute chacun des bourgeois porte d’Auteuil
Ses yeux crevant les poches à en deviner le poids
D’argent qu’ils empochent et qu’ils ne donneraient pas.
Il n’est pas rare que son chaporte* monnaie
Attrape tout les cents passant, un sou souillé
Qui lui servira l’ombre d’un instant
À combler, l’appétit qui durait si longtemps.
*Jeu de mot.
Aldrick M.