I– Symphorose et moi
Mes parents avaient perdu Marie-Thérèse, leur première fille, soi-disant morte « à la naissance ».
Vint ensuite Anne-Marie. Accouchement dans la même clinique du 18e arrondissement à Paris.
Le chirurgien obstétricien était le même et a procédé à un accouchement « barbare » faisant un usage acharné et démesuré des forceps. Il a complètement écrasé le cervelet de l’enfant naissant.
Anne-Marie est née le corps dans l’état de celui d’une poupée-chiffon par ce fait.
Par ailleurs, par manque d’asepsie, elle avait attrapé toutes les maladies par voie nosocomiale et son système immunitaire s’en est retrouvé hors service.
Juste avant le départ de ma mère, une sage-femme est venue lui parler en privé lui apprenant que ce praticien était un alcoolique qui tuait ou estropiant les enfants lors des accouchements.
A l’époque le corps médical était intouchable.
Suite à cet accouchement violent et sans l’hygiène minimale, ma mère a développé un grave fibrome de l’utérus qui saignait abondamment en permanence.
Ma mère désirant un autre enfant, et surtout changer de clinique, a pris rendez-vous avec l’illustre professeur Bernard Jamain à la clinique de Neuilly sur Seine.
Celui-ci lui a dit qu’il lui faudrait procéder à une hystérectomie car le saignement risque d’engendrer une grave hémorragie. De toute façon vu l’état de son utérus, il était hors de question de penser qu’un enfant pourrait s’y développer.
Mes parents mettaient tout leur cœur à prendre soin d’Anne-Marie qui au final serait leur seul enfant. Elle ne parlait pas et gardait son corps de poupée-chiffon encore âgée de 4 ans.
C’est alors que mes parents décidèrent de l’emmener à Lourdes. Ils croyaient très fort aux miracles que peut engendrer l’eau des piscines de ce sanctuaire. Ma sœur, en arrivant à l’Hospitalité de Lourdes, contracta toutes sortes d’infections, les unes cutanées, les autres respiratoire.
Lorsque ma mère plongea Anne-Marie dans l’eau d’une piscine, elle pria très fort pour sa guérison.
En l’essuyant, elle constata qu’elle ne toussait plus et avait pour la première fois de sa vie une peau immaculée.
Elle rendait grâce à Dieu, tout comme mon père, pour cette guérison miraculeuse spectaculaire.
En sortant du sanctuaire, elle croisa Symphorose, une femme adossée à une fontaine. Cette pieuse femme avait la réputation d’avoir le don de prophétie. A l’approche de mes parents, elle s’adressa à eux : « Chers parents, le Seigneur vient me dire qu’il va rappeler votre fille à lui ».
« Comment cela est-il possible ? Il vient de la guérir ? » répliqua ma mère.
« Le Seigneur a besoin d’elle pour faire du bien depuis le ciel lui » répondit Symphorose.
« Mais c’est notre seul enfant survivant et je ne pourrais plus jamais en avoir d’autre avec mon fibrome à l’utérus, qui doit d’ailleurs m’être retiré dès mon retour à Paris » rétorqua ma mère.
Et la prophétesse de répliquer : « Le Seigneur me dit qu’il va vous donner un garçon et que sa vocation sera de faire beaucoup de bien sur cette terre ».
Dans le train du retour, faute de couverture dans un wagon sans chauffage avec une lucarne ouverte, Anne-Marie a pris un mauvais coup de froid et est décédée très rapidement après son retour à Paris.
Peu de temps à près, malgré son fibrome, ma mère se retrouva enceinte. D’un garçon évidemment
Dieu ne se trompe jamais et il tient ses promesses s’est écrié mon père !
Ma mère a voulu garder son utérus toute sa vie sans pouvoir procréer car cela était médicalement impossible d’après les spécialistes. Cela confirma le miracle de ma conception et de mon développement improbable dans un utérus diagnostiqué hors-service par le professeur Jamain.
PS : depuis quelques années, Symphorose Chopin est en cours de béatification
http://leraton-laveuretl-aigle.blogspirit.com/symphorose…/
NB : A droite sur la photo : Symphorose Chopin
Merveilleux ! Votre témoignage est-il connu des personnes chargées de la béatification de Symphorose (procès de béatification en cours, me semble-t-il)?
Hélas non, n’ayant aucun lien avec cette commission d’enquête, mais je suis preneur !
Merci de faire part de ce récit touchant. Émouvant.
Merci Lucienne d’avoir osé rebondir sur mes mots; dans ma bio il y aura un autre chapitre “touchant et émouvant” qui expliquera la raison d’être du titre de ma biographie.