L’ ile sauvage
Est-ce enfin la lueur de l’aube qui se lève ?
Ou bien la mer qui me verse sur cette grève ?
Où un vieux peuplier déchiré, meurtri, fragile,
Brave encore le ciel, farouche, couvert d’argile.
Maculé par l’assaut brut des flots ravageurs,
En silence, blessé, il tient bon, hardi, rageur.
Le faible bruissement de ses feuilles, reines
D’un soir, ressemble à la respiration sereine,
Du ressac vivifiant, incessant des hautes vagues
Lancées à la conquête de longues algues marines,
Déchirées par la vive houle cinglante qui les élague
Libérant un parfum violet, léger comme une ballerine.
Dans le lointain, le galop d’un cheval ruisselant d’écume,
Apaisé, fourbu, il se laisse happer par un halo de brume.
Au milieu de ce décor onirique, le temps semble indéfini.
Éclaboussé d’embruns glacés, je restais là, à boire l’infini.
Gérard Taverne novembre 2024
Grâce à ton poème, je suis Robinson !