Les routes du paradis – Christian Satgé

Petite fable affable
 
Refusant d’apprendre à attendre, une rate,
Qui se disait bonne et belle aristocrate,
Voulut se garantir un vrai accès direct
Au paradis avec ces largesses qui grattent
Les fonds d’escarcelles pour pouilleux, ingrates,…
Elle trouvait le marché des plus corrects.

Les ménestrels qu’elle tenait à la laisse,
Chantaient la joie retrouvée de ces pauvresses
Dont elle voulait qu’elles engraissent, et
Les filles perdues – gourgandines, bougresses,… –
 Qu’elle avait su trouver et mener à confesse.
Pour le curé c’était sa meilleure idée !

Avec ostentation donc, mais à contrainte,
Elle gravissait les marches qui éreintent
Plus d’un sage, voire d’un saint, en pensées.
Espérant graisser, à bon prix et sans crainte,
Le poignet du céleste portier d’astreinte,
Elle vaquait à ses œuvres sans balancer.

Hélas au jour fatal, ce fut la Bête à cornes
Qui la reçut. Elle maudit cette écorne
Du divin Barbu qui dit : « Las, la bonté
Perd sens et beauté quand aux vents on la corne,
Qu’elle est née d’une Vanité dont on s’orne
Ou dont on espère profits éhontés ! »

 
© Christian Satgé – juin 2019

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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