Petite fable affable
Après L’âne et le petit chien, Livre IV, fable 5
Après L’âne et le petit chien, Livre IV, fable 5
Et d’après Gudule, Après vous M. de La Fontaine, Contrefables
L’âne qui croyait, cerveau lent,
Plaire en suivant d’un chien les traces,
Sous les coups de bâton brait grâce.
Devant ce marital élan,
L’épouse implore que Monsieur ne mortifie
Plus la pauvre bête de coups tout à l’envi.
« C’est qu’il a voulu m’agresser
En donnant la patte comme un chien pitoyable.
– C’était sans doute pour t’être aimable.
Je devrais éviter d’essayer de te caresser
Si je n’en veux pas autant, Dame !
– Il m’a fait peur, dit le grognon.
– Il te sert, t’aime et n’a que gnons.
Si j’avais su ça, moi, ta femme… !
– Mais, lui, c’est un vieux ragoton
Mal allant, branlant sur ses pattes
Et impossible à recaser !
– Beau discours !… Tu ne me vois plus d’envie, ni hâte,
De finir mes jours à jaser
Avec homme ayant ces pensées :
Tu ne souffres donc pas qu’on devienne, vraiment,
Vieilli et malade ?!… Excusez,
Je suis jeune et belle : on me traitera comment
Quand les ans m’ôteront tous mes beaux ornements ?!…
Bien des choses cette bastonnade prédit !…
J’y pense… mon aimé… tu es… l’aîné. C’est dit,
J’userai première, sur toi, Martin-bâton ! »
L’homme comprenant vite, en tout, changea de ton
Pour s’éviter… la tragédie.
Plaire en suivant d’un chien les traces,
Sous les coups de bâton brait grâce.
Devant ce marital élan,
L’épouse implore que Monsieur ne mortifie
Plus la pauvre bête de coups tout à l’envi.
« C’est qu’il a voulu m’agresser
En donnant la patte comme un chien pitoyable.
– C’était sans doute pour t’être aimable.
Je devrais éviter d’essayer de te caresser
Si je n’en veux pas autant, Dame !
– Il m’a fait peur, dit le grognon.
– Il te sert, t’aime et n’a que gnons.
Si j’avais su ça, moi, ta femme… !
– Mais, lui, c’est un vieux ragoton
Mal allant, branlant sur ses pattes
Et impossible à recaser !
– Beau discours !… Tu ne me vois plus d’envie, ni hâte,
De finir mes jours à jaser
Avec homme ayant ces pensées :
Tu ne souffres donc pas qu’on devienne, vraiment,
Vieilli et malade ?!… Excusez,
Je suis jeune et belle : on me traitera comment
Quand les ans m’ôteront tous mes beaux ornements ?!…
Bien des choses cette bastonnade prédit !…
J’y pense… mon aimé… tu es… l’aîné. C’est dit,
J’userai première, sur toi, Martin-bâton ! »
L’homme comprenant vite, en tout, changea de ton
Pour s’éviter… la tragédie.
© Christian Satgé – mai 2013
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Jolie fable sur la vieillesse qui avance et qui promet de cruelles heures à celles qui furent nos belles.
Merci Loup de t’intéresser aux oreillards vieillissants et à leurs douces et aimables compagnes et guides qui resteront leurs belles car c’est plus un statut qu’un état. Au plaisir de te lire…