... Je n’aimais plus le tic-tac tic-tac de l’horloge murale qui sonnait tous les quarts d’heure dans le salon où se trouvaient bien disposées des chaises que ma grand-mère nous demandait de temps en temps de dépoussiérer et de nettoyer régulièrement avec un vieux linge qui allait bien faire le boulot et que l’on imbibait d’O’Cedar qui faisait briller d’éclat même sans frotter… comme un parquet…
Ma grand-mère connaissait chaque son, chaque mélodie de cette horloge légendaire d’une manière impressionnante… et pouvait très bien lire l’heure qu’indiquait le mouvement des aiguilles sur le cadran… et nous aussi, à force d’entendre résonner dans la tête ces sons et d’imiter les tic-tacs des mouvements de l’horloge et ses mélodies que l’on trouvait amusants, nous avions fini par mémoriser chaque son et les disions et chantions aussi. Alors on savait l’heure sans la connaitre. On connaissait l’heure sans la comprendre….J’étais enfant…Et j’allais mettre bien des années pour comprendre qu’une heure équivalait à soixante minutes, qu’une minute équivalait à soixante secondes… Une, deux, trois… J’étais enfant… Puis, dans un jour, il y a vingt-quatre heures. Une deux trois… dix… vingt-et-quatre heures. Man-man ! Tout ça ! Vingt-quatre heures qu’on multiplie par soixante minutes… Vingt-quatre fois soixante… Vous vous rendez compte… Ça c’était beaucoup. Trop beaucoup ! Comme les étoiles qui scintillent dans le ciel…
Et il fallait connaitre ses tables… de multiplication pour calculer… Ah, ces tables aussi… De deux, trois, quatre, cinq, six, et sept… Car il y avait toujours sept jours dans une semaine…. Donc sept fois sept fois vingt-quatre heures…. Mais j’étais enfant… Et je préférais les additions. C’était un peu plus facile. Bien moins compliqué… Les petites additions bien sûr… et quant aux soustractions…
… Je n’aimais plus le tic-tac tic-tac de l’horloge murale qui sonnait tous les quarts d’heure dans le salon où se trouvaient bien disposées des chaises… Ces chaises…et un divan…et le pliant à rayures de mon grand-père…
@Lucienne Maville-Anku, 2011
Extrait de mon recueil “Quand j’étais enfant”