Le Théâtre – Coutret Thierry

 

Le Théâtre

 

Vous n’êtes pas si nombreux

à laisser de la joie

dans les coulisses de mon système corporel.

 

Je me souviens de vous comme appuis ;

par réaction au vide,

je vais parfois vous chercher.

 

Certains sont encore sur scène :

je vous regarde,

je vous écoute.

Dans mon agitation, vous m’acceptez.

 

Sur vos planches, dans votre pièce,

vous m’attribuez un rôle.

Que je sois entier ou fermé,

vous me pardonnez.

 

D’autres sont déjà côté jardin.

Ceux qui partent alourdissent,

par choix ou non,

la masse des trous noirs.

 

Il y a parfois des scènes pourries,

où il est écrit

qu’une personne sortira de l’intrigue

par accident,

ou par défaillance organique.

Rideau.

Point.

 

Le temps qu’ils m’ont donné

a d’autant plus de valeur

qu’il leur était

plus compté que le mien.

 

Ceux qui sont partis par gâchis décisionnel

pour mieux,

ou pour moins pire,

ailleurs…

 

Ceux que j’ai effacés :

on a dû se faire très mal.

L’effort d’être digne de vous

n’est plus à faire.

 

Je garde les joies que vous m’avez données ;

elles font partie du décor.

 

Mon système corporel, déjà abîmé,

sait ce qu’il doit,

mais pas ce qu’il reste.

Le metteur en scène — l’espace-temps —

me fatigue

et nous éloigne.

 

Moi,

qui ne mérite l’amour de personne,

au dernier acte,

je penserai encore

que c’est possible.

Que je peux aimer

 

 

T.C.

Coutret Thierry

Coutret Thierry (2)

> « L’homme a cette faculté fabuleuse de traduire son monde et son âme en langage.
J’écris pour le silence. »

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