
Le Théâtre
Vous n’êtes pas si nombreux
à laisser de la joie
dans les coulisses de mon système corporel.
Je me souviens de vous comme appuis ;
par réaction au vide,
je vais parfois vous chercher.
Certains sont encore sur scène :
je vous regarde,
je vous écoute.
Dans mon agitation, vous m’acceptez.
Sur vos planches, dans votre pièce,
vous m’attribuez un rôle.
Que je sois entier ou fermé,
vous me pardonnez.
D’autres sont déjà côté jardin.
Ceux qui partent alourdissent,
par choix ou non,
la masse des trous noirs.
Il y a parfois des scènes pourries,
où il est écrit
qu’une personne sortira de l’intrigue
par accident,
ou par défaillance organique.
Rideau.
Point.
Le temps qu’ils m’ont donné
a d’autant plus de valeur
qu’il leur était
plus compté que le mien.
Ceux qui sont partis par gâchis décisionnel
pour mieux,
ou pour moins pire,
ailleurs…
Ceux que j’ai effacés :
on a dû se faire très mal.
L’effort d’être digne de vous
n’est plus à faire.
Je garde les joies que vous m’avez données ;
elles font partie du décor.
Mon système corporel, déjà abîmé,
sait ce qu’il doit,
mais pas ce qu’il reste.
Le metteur en scène — l’espace-temps —
me fatigue
et nous éloigne.
Moi,
qui ne mérite l’amour de personne,
au dernier acte,
je penserai encore
que c’est possible.
Que je peux aimer
T.C.