Le massacre de Garissa – Hubert Tadéo Félizé

(Kenya 02 avril 2015)

Ô Mortels incompris de nos réticences !
Déplorables mains armées couvertes
Du sang de vos victimes, l’appétence
Macabre entretien le fiel de votre perte ;
Et glissent dans nos cœurs les images
En débris, en lambeaux de nos tombeaux.

Ô cris déchirants de vos voix non sages !
Ô éternelles ! De vos fumantes peaux,
Combien d’inutiles douleurs entretiennent
Encore ici, notre propre déchéance ?

Et quand les jours qui se tiennent
Baignés du rouge de la honte rance,
Au spectacle affligeant des corps sans vies.
Faut-il à nouveau que ardente soit notre folie ?

Sous les arbres des classes, jonchent les âmes
Déjà refroidies que la terre consume ;
Contemplez ! Contemplez votre drame,
C’est l’effet de l’irraisonnable qui hume
Les effluves de l’ethnie et de la religion,
C’est l’effet des corps effrayants dans l’abîme
D’un Dieu libre et loué sans passion,
Pour vos frères mourants que l’on décime !

J’aurai tellement voulu être humain,
Moi, le tranquille spectateur, à l’heure
De leurs morts, le sort de l’inhumain
Est entre vos mains, dans l’orage de vos peurs.

Ô innocentes victimes, aux cris légitimes,
Qu’avez-vous ressenti parmi votre folie,
Lorsque vous abandonnez vos coups
Meurtrissures improbables contre nous ?

Je pleure tous ces compagnons inconnus
Qui avaient une famille, un frère, une sœur,
Un père, une mère, et jonchent nus
Sur un sol aride de vos larmes du cœur ;
Et du sang des victimes, naîtra l’espoir,
Et du sang des victimes, le voile du soir
Recouvrira le jour de l’effroi, votre ravage
Orgueilleux qui de pitié n’avait aucuns cieux !
Diriez-vous que vous êtes le bras armé d’un Dieu ?
Votre mensonge n’est qu’un songe de rage !

« Ô ciel, prenez pitié de moi de trop voir
Depuis quelque temps, les faux espoirs
Des uns face au gouffre infernal du mal !
Ô ciel portez ma plume pour un naufrage
Trop souvent annoncé, et si anormal,
Laissez-moi écrire encore une fois
Pour le massacre de Garissa sous mon toit. »

Moi qui ne suis qu’une infime partie
D’une poussière qu’on appelle patrie.
Moi, ce pauvre visionnaire infortuné
Dans l’effort d’une écriture condamnée ;
Oui ! Toute vie a besoin de parole.
Oui ! Plonger nos yeux dans la parabole
Que le malheur n’est pas notre fortune,
Que le sang versé nous importune !

Et, au nom d’un Dieu, votre loi du talion
N’apporte à sa porte aucune raison,
En d’autre temps, d’autre cœur,
Ne justifie pas que l’on meurt
Pour l’ignorance et les défauts de sa foi,
Aux doux plaisirs de vos viles lois.

 

© Hubert Tadéo Félizé 08-04-2015

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1 Commentaire
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Plume de Poète
Administrateur
9 avril 2015 16 h 53 min

Joli texte sous un air triste qui développe tant de sensations et de ressenti.
Merci pour ce partage !