La naissance du blues – Anne Cailloux.

Dans les plaines du Mississippi, la ville de Claustrale est  oubliée de tous, mais elle est fière de son patrimoine et de son passé, les blessures de la discrimination ont été oubliés grâce à la musique. Les champs de coton sont toujours aussi blanc, cette ville reste vintage dans l’âme.

Un vieux train de marchandises, passe dans une rue adjacente, contrebalancée par le grincement de quelque rocking-chair, suivi de près par quelques notes de blues, joués à la perfection, elles nous montrent le chemin à suivre.

Il se murmure qu’ici un homme aurait vendu son âme au diable. Figure mythique du blues, Robert Johnson dit Love in vain, est mort à 27 ans, sans doute empoisonné par un rival jaloux. Guitariste prodige, il aurait hérité de ses dons en vendant son âme au diable. Personnage énigmatique qui avait une vie tumultueuse, son style a influencé plusieurs générations de musiciens, notamment les Rolling Stones, Eric Clapton, Bob Dylan, Led Zeppelin ou plus récemment les White Stripes. Ses parents étaient cueilleurs de coton dans le Mississippi. Après le décès de sa femme, il partit la guitare en bandoulière. Certains affirment même, qu’il lui suffisait d’entendre une chanson une seule fois à la radio pour être capable de la reproduire instantanément au chant et à la guitare

Le lieu mythique est devant moi, le ”Red’s” petit café éclairé, par des néons rouge et or, il n’a pas changé depuis la nuit des temps. Les tabourets de bar sont déglingués, les panneaux publicitaires n’ont plus de couleur et la cafetière familiale trône au milieu du bar. Je commande une bière et m’assois à coté un vieux bluesman qui me salut du bout de son chapeau, il se présente ”Bill Howl-N-Madd Perry”, connu, reconnu et tutoyé par dieu lui-même. Il me narre son histoire vécue mille fois. Lui, se souvient d’un restaurant qui s’appelait City Café ;

–J’y suis allé plusieurs fois, les blancs et Noirs étaient séparés par un muret. Moi, j’allais du côté des blancs,on me disait: Qu’est-ce que tu fais? Tu vas du mauvais côté! mais je me suis toujours fichu de la couleur de peau.Tu sais man, ce fut ici, que fut inventée la première machine à ramasser le coton, on s’est tous retrouvés sans travail de 300, on est passé, a trois. Le blues c’est quoi ! c’est très simple et très complexe à la fois. Douze mesures, trois ou quatre accords, un rythme à quatre temps et hop. Je lui demande s’il y a eu des femmes qui se sont illustrées  par les blues. Il me répondit avec un sourire qui charmerait le monde entier :

­–Mais oui man, 1920 je crois, que Charley Patton a propagé la guitare du Delta du Mississippi, donc, notamment avec la chanson Pony Blues, dans les bas fonds du sud-américain, en compagnie de Son House et de Willie Brown. Elle fut une grande dame. La musique est une passion très passionnelle, elle est rehaussée par le « groove » aux rythmes répétitifs et lancinants quasi incantatoires, elle est aussi pour beaucoup, une manifestation de joie et d’espoir. Les chants hérités des anciens esclaves, venus d’Afrique et entendus sur les chantiers et les voies ferrées, en prison et dans les plantations, vont fusionner avec les gospels et au tournant du 20ème siècle, avec le blues du Delta. Tu sais man au départ, il n’y avait que des banjos et trompettes, puis après, des pianos accompagnés maintenant, de guitares électriques et d’une batterie. Pour se faire entendre, on ajoute micro et amplis. J’étais le roi du solo, sachant alterner guitare et chant comme personne. Il ne faut pas oublier Muddy Waters, il a eu une carrière extraordinaire sur plus de cinq décennies. Il a influencé de nombreux domaines musicaux comme le rythme and blues, le rock ou la folk. C’est même grâce à lui que Chuck Berry enregistra son premier disque ! Ou que les Rolling Stones trouvèrent leur nom, un hommage à une de leurs chansons… et si je devais te parler d’un seul, je te parlerais du King, BB King Grand maître du blues de la fin du XX°siècle, sa précision et la subtilité de son jeu ont fait une bonne partie de sa renommée. Le King a eu une carrière gigantesque, avec des dizaines d’albums et des tournées à travers le monde entier. Il avait un style unique qui a largement influencé les générations suivantes. Il avait nommé sa guitare Lucille…Puis ce fut le nom d’un de leurs albums les plus célèbres. Finalement, Gibson créa une guitare nommée Lucille en hommage à BB King ! Et le dernier qu’il ne faut pas oublier Satchmo, dit Louis Armstrong et son sourire de prêcheur devant l’éternel. Trompettiste, chanteur,compositeur et chef d’orchestre, ses parents étaient très pauvres et il grandit dans un quartier stérile, il fut plusieurs fois envoyé dans des maisons de redressement.Puis un jour, il apprend à jouer du cornet à piston, puis il commence à jouer sur les bateaux à aubes de la Nouvelle-Orléans puis sur le Mississippi, ensuite Chicago, New York, la suite on la connaît, Le principal aéroport de la Nouvelle-Orléans s’appelle « Louis Armstrong New Orléans International Aéroport».

Je pose ma dernière question entre une bière qui devient trouble et mes yeux qui suivent le même chemin .

Comment se passait la vie ici entre les blancs et les noirs ?

­ -A côté du Ground Zero Blues Club, la voie ferrée séparait les quartiers noirs, à l’est, des quartiers blancs, à l’ouest. «Il y a encore des endroits ici où Noirs et Blancs ne se mélangent pas. Les Noirs sont souvent dans les écoles publiques, les Blancs dans le privé», regrette-t-il. Certains Noirs pensent que les Blancs leurs doivent quelque chose. Mais ici, aucun n’a jamais eu d’esclaves, et eux n’ont jamais été esclaves non plus ! Si vous parlez aux jeunes Noirs, ils sont comme moi quand j’étais enfant. Ils se foutent d’être noir ou blanc.» Dans ce climat encore tendu, la musique, comme le sport, rassemble tout le monde. Notre mission est donc de continuer à faire vivre le blues.» Dans la foulée du Ground Zero Blues Club, quelques restaurants et boutiques dédiés à la musique sont venus s’ajouter aux rares qui avaient résisté. Grâce au touristes nous sommes encore là.

Des photos de matin Luther King trônent aux murs, ce fut ici , qu’il fit son premier discours…Mon blues man se lève, la scène l’attend.

Les notes de blues deviennent plus douces, le silence devient comme nul par ailleurs. Je m’assois,  des fantômes viennent me voir, je me laisse bercer et pars dans un rêve aux odeurs de cafés avec des mots en fond….I had a dream

Anne Cailloux

Anne Cailloux (354)

Depuis ma naissance, je fus autodidacte et trop rêveuse.Spécialiste dans l'art thérapie et les maladies neurodégénératives, j’essaie de retenir le temps des autres et du mien.. Quelques diplômes, une passion pour l'art et les poètes. J'ose dormir avec Baudelaire.Je suis une obsédée textuelle . Je peins, je crée et maintenant j’écris. Je remets cent fois mon ouvrage pour me corriger. De quinze fautes par lignes je suis passée à quinze lignes pour une faute... Deux livres en préparation et peut-être un recueil de poèmes, si Dieu veut.Anne
Je suis une junky des mots..

S'abonner
Me notifier pour :
guest
5 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Invité
30 juillet 2017 0 h 40 min

J’ai beaucoup aimé vous suivre dans cette histoire du blues !
Merci Anne pour ce beau récit ravivant les souvenirs de tous ces grands noms,
ces musiciens incomparables…
Amitié

Chantal

Invité
30 juillet 2017 0 h 26 min

merci pour ce moment d’histoire
que de souvenirs à travers les âges de parents et autres !
Bise