La mer
Mer d’émeraude qui ouvre sur l’horizon,
Aux Ressacs incessants de vagues en furie.
Écume amère, fille de la trahison,
Des rivages aux gens bannis par la Curie.
Évadés de l’antre infernal d’un grand mouroir,
En radeaux, médusent ces foules encensées.
D’une affligeante peur voguent sans désespoir,
Courage enjoué par une douce pensée.
Sombre le roi soleil sous le bon vent d’autan,
Mer de rubis, au projet insolent de vie.
Un froid vif glace la nef de ces cœurs battants,
Submergés de cette misère bien ravie.
La lune s’invite au bal de ces condamnés,
Mer d’agate blanche du miroir de leurs âmes.
Fendues à la brise du matin des damnés,
Délaissant tous ces corps accrochés à leurs rames.
Enfin la nuit se meurt puis embrase les cieux,
Mer de feu, enfer aux larmes si chatoyantes.
Elle happe les vies en rythmes odieux,
Absurdes comptes, aux prunelles larmoyantes.
Journée si morose aux clapotis lancinants,
Incrédules du lourd destin de leur histoire.
Rongés par d’horribles embruns forts insistants,
D’eaux furieuses aux reflets inquisitoires.
Immensité repue des malheurs oubliés,
De réfugiés au devenir invisible.
Ultime demeure pour ces pauvres noyés,
Digérés et vaincus, des forces invincibles.
Ils tueront la mort qui les tue en ce temps,
Levant de ses fonds des trombes d’eaux vengeresses.
Chevauchant d’horribles golems aux lois d’antan,
Déferleront alors leurs larmes en maîtresse.
D’une déferlante fastueuse de mort,
Vint une bave bouillonnante d’injustices.
Par-delà les contrées aux rives des remords,
Exulteront les flots en rage de justice.
Et toi ! Oui toi ! Le grand peureux de ton bonheur,
Aveugle d’empathie envers tous ces martyres.
De la vie toi le beau vertueux et râleur,
La paix parfume ton bel antre aux sons des lyres.
Déni de leur droit de vivre, peur de l’obscur,
De l’ignorance tu annihiles la vie.
Regarde ton reflet d’un miroir clair-obscur,
Inexorablement tu assumes l’envie.
Réveil toi ! Cours vers les rivages glorieux,
Recueille, protège, aide, donne, aime l’étrange.
Sois l’étrangeté d’un doute soufflé des dieux,
Car toi aussi tu es l’étrange qui dérange.