Petite fable affable
Entre l’humus et la mousse, un matin,
Là, une bécasse admirait son ombre.
Ayant, à l’ordinaire, plus d’instinct
Que d’intelligence, dans les décombres
De sa tête on trouve embrouillamini
Moins que jugeote et donc, en l’occurrence,
Elle se voit héron, et sans déni,
Dans la tâche au sol, sans concurrence,
Si grande et haute, appelant révérence.
Son esprit, stérile comme un mulet,
Et, ma foi tout aussi opiniâtre,
La pousse à se proclamer sans délai,
Reine des rives qui sont le théâtre
De sa vie, elle l’esquille zélée
Du genre aviaire, belle incapable
– Donc ambitieuse ! – quoique fêlée
Selon toutes ses semblables ailés.
La voilà donc, perchée sur ses papattes
Fière de sa nouvelle identité,
Qui veut en imposer à tous, en hâte,
Cherchant respect à perpétuité
Mais un flamant, tout rose de mépris,
Osa, vendeur de vent jaseur, immonde,
- Outrecuidant ! – lui dire sans prix :
« Il n’est pire illusion en ce monde
Que celle qui naît du manque d’esprit ! »
***
© Christian Satgé – mai 2018
Tant pis pour elle,
cela lui servira de leçon et à nous aussi.
Que les fabulistes ont raisons, passant par les animaux
on s’identifie mieux à tout cela..
Anne
Merci Anne d’avoir jeté un œil à ce petit texte pas très gentil pour d’aucunes…