Jalousie fébrile – Marie-Thérèse Vinoy

En découvrant sur ton mobile
S’afficher le nom de Cécile
J’ai cru d’emblée à une idylle.
À mes questions tu te défiles
Tel un colosse aux pieds d’argile
Dévoilant son talon d’Achille.
Fini le bon docteur Jekyll !
Était-elle avec toi à Lille ?
Il faut le temps que j’assimile,
Je me momifie loin du Nil,
Je joue ma vie à face ou pile,
Nos liens se réduisent en presqu’île.
Te crois-tu ainsi plus viril ?
Pour moi ce fut comme un missile.
Avec ton côté versatile,
Tu as bien mis le feu à l’huile.
Que faisais-tu au centre-ville ?
J’attends comme à l’hôtel Goodwill,
Devrais-je partir en exil
Dans ma maison près de Vizille ?

Délaissant ton projet « Benzyle »
Tu parles le maya ixil
En mettant ton costume en twill.
Je hais ce mauvais vaudeville
C’est vraiment la pire des tuiles
J’ai l’impression d’être inutile
Je ne suis plus qu’un ustensile
Notre mariage est en péril
Alors que tu parais tranquille.
Tout ce que j’aimais m’horripile
Je ne veux pas être un zoïle
Alors je ressors mes vinyles
Je prends un peu de Lexomil
Je relis Leconte de Lisle
J’oublie l’idée du Rentokil
Le bien et le mal s’annihilent
Mais je me sens vraiment fragile
Je crains que bientôt se profile
Un divorce avec un no deal
Je te suis hors du domicile
Même quand tu vas chez Grosbill
Je sais pourtant que c’est débile

Je ne peux rester immobile
Car une image m’obnubile
Ma vie ne tient plus qu’à un fil
J’ai toujours le cœur qui oscille
Au gré des mots que tu distilles
Je prévois même un codicille.
Finalement un jour d’avril
Tu m’avoues sans bouger d’un cil
Que l’explication est facile :
En fait tu connais deux Cécile
L’une est coiffeuse chez Hairstyle
L’autre experte de la Sicile
Où nous irons en temps utile
Sur les pas du poète Eschyle
Fêter nos noces de béryl
Sous le regard de saint Béryl…
Pas de quoi se faire de la bile !
Je suis toujours ta chlorophylle
Alors j’ai dit : ainsi soit-il…

Depuis ce jour indélébile,
Renonçant aux soupçons stériles,
Je n’ai plus de pensée hostile.
Le charmant prénom de Cécile
N’est qu’un souvenir infantile
D’une grand-mère fort habile
Faisant des tartes au goût subtil.
J’étais vraiment une imbécile !

Marie-Thérèse Vinoy 2021-2022
Illustration : Sophie Fourcade

Octosyllabes monorimes

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Plume de Poète

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J'ai rédigé de nombreux textes poétiques, je suis poète dans l’âme depuis mon plus jeune âge. L’influence d’une jeunesse liée à un milieu modeste, depuis ma Normandie natale, et les aléas de ma vie professionnelle et sentimentale, me font découvrir le jeu des rimes avec les mots pour décrire les moments forts de mon existence. Aujourd’hui, je réside dans la Drôme à Valence, depuis bientôt trente ans. C’est aussi la région où j'ai rencontré la femme de ma vie. L’amour me donne des ailes et c’est avec l’encre de mon cœur que je prends ma plume pour écrire des poèmes, que je souhaite partager avec le lecteur. J'ai rassemblé une petite partie de mes écrits dans plusieurs recueils, dans l'immédiat 5 tomes sont publiés aux éditions EDILIVRE : Amour éternel - Tome1 Les quatre saisons - Tome 2 Fantaisie du coeur - Tome 3 Les marches de l'escalier - Tome 4 Voyage d'amour - Tome 5 Je suis vraiment heureux de pouvoir partager ma passion pour la littérature par l'intermédiaire de mon site, mon forum et la communauté. J'espère ainsi apporter un petit plus à tout ceux qui désirent évoluer, progresser, étendre leurs connaissances et leurs compétences, mais surtout qui souhaitent faire profiter de cette opportunité de communication avec les échanges et les partages.

6 réflexions au sujet de “Jalousie fébrile – Marie-Thérèse Vinoy”

  1. Chers collègues, pour expliquer un peu la construction de ce poème, je voudrais préciser qu’il contient une seule rime en -ile qui est toutefois précédée d’une autre lettre (consonne la plupart du temps) évoluant par ordre alphabétique croissant dans la 1ère strophe (bile, cile, dile…zile) puis décroissant dans la 2e strophe (zile…bile) puis de façon plus aléatoire à la fin. Ce poème comprend beaucoup d’éléments réels, mais rassurez-vous, je ne suis pas jalouse ! C’était plus un jeu de construction pour moi…

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