CHAPITRE 4 – L’habit ne fait pas l’abeille
– Meh ! dis donc toi, la mouche à miel …
– Zzz ! Non, je ne suis pas une « mouche à miel » ! Je suis une mouche” libre”. Je ne suis pas condamnée aux travaux forcés, moi ! Je vais, je viens où je veux, je n’ai pas de reine, je suis libre comme l’air.
– Mouaih ! Et bien sens toi libre de te poser ailleurs que sur mon repas, tu as le crottin des chevaux dehors, c’est pas fait pour les chiens.
– Zzz ! la propriété n’existe pas chez nous, tu devrais le savoir depuis que tu fréquentes les mielleuses… nous sommes des « collectives » et heureuses de l’être !
– Meh ! Pourquoi tu es en noir de la tête aux pattes si tu es heureuse ? Toi aussi tu as perdu un ami ? Oh remarque, chez vous, ce doit être tous les jours… Et puis, des amis vous ne devez pas en avoir beaucoup vu le temps que vous leur consacrez et la durée de vos rares attachements…
– Oh, je suis libre comme l’air je te dis !
– Maouh ! Alors tu as tout ton temps, comme moi ! Tu veux devenir mon ami ?
– A ça non, tu n’y songes pas ! Tu es un ennemi héréditaire, bas les pattes. Je te vois venir ! Vous les chats vous faites les dévots chattemites, vous êtes cruels, vicieux et imprévisibles. J’ai connu un chat de ton genre, un chat « greffier » qui écrivait figure-toi. Il a écrit un poème pour nous narguer, écoute-ça ! De la cruauté pure…
–
Le chat Sacha lèche son plastron
Ses pattes blanches, son pantalon
Du bout d’la queue jusqu’aux moustaches
Il est occupé à sa tâche
Soudain sa pupille se dilate
Ses oreilles se dressent bien droites
Une araignée, pauvre innocente
Passe sous le nez du dilettante
Gentil minou se change en tigre
D’Europe vers l’Asie il émigre
Il fait la boule et se détend
Il n’a pas faim, il prend son temps
Ce n’est pas un besoin vital
Qui motive ici l’animal
Mais seule une passion ludique
En un instant le rend sadique
Sur l’araignée il met la patte
Non pas pour s’en faire un régal
Il veut terroriser la proie
Et lui montrer qu’il est le roi
Une fois, dix fois ce chat tyran
Fera le geste, interrompant
Son dessein bien arrêté
De cette araignée déguster
Enfin se lassant de ce jeu
Redevenant enfin sérieux
Subitement il la saisit
Et la déguste… sans appétit
– Maouh ! j’avoue, je faisais ça quand j’étais jeune. Il faut bien que jeunesse se passe…
– Oui, et bien va la passer sur le dos de quelqu’un d’autre. Salut tyran !