Le sens figuré inspire les plumes malhonnêtes
qui ignorent hypocritement leur muse !
Aujourd’hui
Les habitants de nos cités
Emballés par mille vents de liberté
Sont désespérément accrochés
Au gong des nouvelles lumières
Comme des héros déraisonnables
Issus d’une civilisation barbare
Les fils et filles de nos ghettos
Les étudiants
Les taximen
Les sauveteurs
Inspirés par la tempête des époques en transe
S’opposent aux soldats
Par des jets de pierres et des mots fumants
Et les soldats répliquent
Par des jets de gaz et des coups de feu
Toutes les rues de nos cités
Sont devenues
De hauts lieux de haines et de crimes
Les beaux jours
Dans des circuits huppés
De nos jours
Ne peuvent plus téter le doux lait
Des nuits grisées de joie
Partout dans les quartiers populaires
Étale le vent des haines
Le vin rouge de ses horreurs
Ici et là
Des pyramides de macchabées
Ici et là
Des pleurs et des cris
Arrosés de larmes de vengeance
Et dans leurs immenses châteaux
Nos croulants assis au trône rient
en regardant les chaînes étrangères
Entourés de jeunes nanas
et de corbeilles de whiskies
Vent des époques affamées de libertés
Au bord du gouffre
De nos pauvres indépendances
Nos cris et nos larmes mendient encore
Le catalyseur de nos aspirations nationales
Yaoundé 12 mai 1991