De la goutte à l’océan ou l’épopée de la vie – Christian Jost de Stael

Mais remontons le temps où la vie prenait source,

Dans l’élément liquide foisonnant de ressources ;

Les années se décomptent en de nombreux millions,

Où le vivant subit diverses mutations.

 

Mais petit à petit l’éternel concepteur,

Mit la touche finale au parfait géniteur,

Et nous pûmes alors devenir des humains,

Prêts à placer leur vie entre de bonnes mains,

 

Pour perpétuer l’espèce il faut savoir séduire,

Dans un schéma très simple facile à reproduire.

Rencontre d’un ovule, d’un spermatozoïde,

Et ainsi peut s’écrire la nouvelle héroïde ;

 

Laissant aux promoteurs unis dans le repos,

Le droit de s’immerger dans un moelleux tempo.

Le douillet utérus est un hôte accueillant,

Pour cette goutte unique, il sera bienveillant,

 

Rien ne sera trop beau pour nourrir cet amour,

Tout sera déployé pour le royal séjour,

Naturel le cordon sera ombilical,

Il portera le sceau du droit matriarcal,

 

Pendant de nombreux mois il alimentera,

Un embryon sublime futur agglomérat.

Le fœtus immergé dans un précieux liquide,

Va croiser ses ancêtres qui deviendront ses guides,

 

Ses premières légendes du côté maternel,

Et de nombreux exploits du côté paternel,

Alliage d’exception promis à devenir,

Un Être bien vivant au précaire avenir.

 

Son squelette prend forme ses organes s’enchainent,

Il sera le maillon d’une nouvelle chaîne.

L’embonpoint de maman annonce la naissance,

Qui devrait le conduire au ruisseau de l’enfance,

 

Mais avant il faudra se risquer au dehors,

Être prêt à subir le dernier corps à corps.

La goutte devenue ce précieux personnage,

Va pouvoir naviguer vers de nouveaux rivages,

 

Le maternel étang n’est plus qu’un souvenir,

À lui de barboter prêt à se réunir,

Et puis de butiner entre d’étroites rives,

En se pliant au jeu d’une douce dérive.

 

À la force des bras découvrira les berges,

D’où il accèdera aux vertes terres vierges,

Se déplace à plat-ventre le nez collé au sol,

Il a encor le temps de prendre son envol,

 

Les fleurs vont lui offrir la précieuse senteur,

Et dans le même temps les splendides couleurs,

La vie se déploiera à hauteur du regard,

Ses yeux arrivent à suivre les animaux froussards,

 

Mais lorsque la roue tourne et qu’une étrange forme,

Postée sur quatre pattes et d’une taille énorme,

Ose le renifler, il met la marche arrière,

Allume sa sirène pour informer sa mère.

 

Et vient le temps de grâce maman lui tend le sein,

Tremblant de joie il piaille le fragile poussin ;

Mais lorsque la nuit tombe revient le temps de bain,

Une eau tiède l’accueille qui ravit le bambin,

 

Sur son radeau douillet la nuit le portera,

Vers d’étranges contrées où brille une aura,

Rêve de découvrir de tous nouveaux espaces,

En évitant le piège d’une sournoise impasse.

 

La goutte avance en âge prête à se déverser,

Dans la rivière proche aux ondes nuancées,

Elle prendra conscience des gouttes qui l’entourent,

Et du nouveau courant qui exclut tout retour.

 

La nature décide et choisit le moment,

De donner à la vie un cadre différent,

Où l’âme de l’enfant acquiert les connaissances,

Pour toujours nécessaires à l’ultime croissance.

 

Avec ses partenaires se réunit en groupe,

Et fixe un objectif à la nouvelle troupe,

Ah qu’il est stimulant de découvrir ensemble,

Ces rives mystérieuses que leurs regards contemplent.

 

Ils s’arment de courage escaladent l’obstacle,

Leurs yeux brillent de joie   devant un tel spectacle,

Dans la cacophonie crépitent leurs questions,

Aux parents et aux maîtres à court de suggestions,

 

Tout le monde n’est pas une encyclopédie,

Ou bien lecteur de la divine comédie.

Leur corps devient puissant maîtrise le débit,

D’un flot plus vigoureux imprégné de phobies,

 

Ils découvrent la peur mais aussi l’inconscience,

Et la pression extrême de l’humaine impatience.

Lorsque le soir s’approche ils rentrent à la maison,

Sans avoir de boussole simplement à tâtons,

 

Le sommeil ne vient pas dans leur tête zigzaguent,

Des pensées tumultueuses qui arrivent par vagues.

Le matin ,hésitants se mélangent à l’eau,

La fraîcheur les prépare au nouveau rodéo,

 

Ils échangent entre eux la nuit porte conseil,

Un air de liberté résonne à leurs oreilles,

Puis passent sous des ponts, sont soumis aux remous,

Le tourbillon menace de son puissant courroux,

 

La chaine d’amitié vient leur porter secours,

Jamais Ils n’oublieront cet ultime recours.

Le courant les entraîne et prend de la vitesse,

Les happe et le conduit dans un état d’ivresse,

 

Au bout de l’horizon l’inconnu se présente,

Pendant tout le trajet se soutiennent et plaisantent,

Se retournent et regardent, quel chemin parcouru,

Depuis le temps lointain ou tombés dans le ru,

 

Ils sont devenus « un » avec l’étrange goutte,

Qui leur sert de monture pour de savantes joutes.

Les choses maintenant vont devenir sérieuses,

Les rencontres futures s’avérer si précieuses.

 

Pénétrant dans le fleuve ils se sentent invincibles,

Et fixent leur regard sur la nouvelle cible.

La perspective change le choix est déchirant,

Plus question de vouloir remonter le courant ;

 

Apprennent à jongler et puis à décider,

Mettent au point la manœuvre pour pouvoir aborder,

Leurs préférences vont vers les ports de la ville,

Ou de charmantes places Leur offriront l’asile,

 

Qu’ils devront délaisser pour reprendre leur route

Car aux âmes bien nées il n’y a pas de doute.

Il faut suivre la voie de l’élément liquide,

La seule réservée aux Êtres intrépides,

 

Qui sauront profiter des haltes naturelles,

Ces moments de repos ces simples passerelles,

Une fois un étang et son havre de paix,

L’autre fois un bout d’île où l’esprit se repaît,

 

Certains plus téméraires prendront un raccourci,

Dans l’espoir d’engranger toujours plus de profits,

Mais choisir le torrent présente des dangers,

Que souvent la jeunesse ne saurait présager,

 

Vertigineuses chutes ou barrage imposant,

Deviendront des obstacles, des déboires cuisants.

Ceux qui auront choisi le lit conventionnel,

Du fleuve ancestral et Ô combien charnel,

 

Arriveront devant un majestueux estuaire,

Ce lieu de réflexion, ce mystérieux sanctuaire ;

Le choix est cornélien. L’océan tumultueux,

Par le biais des sirènes et leurs chants voluptueux,

 

Fera venir à lui le lot des convaincus,

Et le dernier carré à la peur suspendu,

Car il faut du courage pour affronter la mer,

Ses vagues déferlantes, l’absence de repères,

 

La terrible pensée que la voie du retour,

Peut-être ne pourra à jamais voir le jour.

Mais celui qui ressent le goût de l’aventure,

Sans même réfléchir pose candidature,

 

Inconscience ou orgueil ou la simple nature,

La goutte qui l’irrigue impose son futur !

Quant à ceux qui hésitent, un pincement au cœur,

Se préparent à quitter leurs tendres gouttes sœurs,

 

Ça faisait si longtemps qu’ils nageaient en commun,

Chaque jour qui passait se tenaient par la main.

Les bourrasques de vent étouffent leurs sanglots,

Oui devoir se quitter est le pire des maux,

 

L’eau salée de la mer accueille avec tendresse,

Ces larmes abondantes empreintes de tristesse.

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Christian Jost de Stael

Christian Jost de Stael (2)

Bonjour à toutes et à tous et merci de m’accueillir. Avec des amoureux de poésie je me réjouis de venir m’imbiber de leurs textes et de venir partager avec eux quelques secrets poétiques. Ma liaison avec ma Muse n’est pas linéaire. Elle est une maîtresse un peu volage, très exigeante lorsqu’elle en ressent le besoin et totalement absente quand elle courtise d’autres amants Une écriture à un rythme fragmenté répartie entre un refuge secret où je cache mes joies, mes blessures, mes cris de cœur et des « inspirations » liées à ma pratique de la méditation.

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