Cpam bonjour – Raven Bouloche

Je vous aime gars des macadams,
Ô Corps défendant à cœur et à sang
Une misérable place de parkings
Grabat de carton à même le béton
Il y fait froid, il y fait nuit, il y fait peur.

Je vous aime et baise vos lèvres écorchées
vos yeux chassieux que rien ne leurre
Où fermente le calice, je les aime
Et les bois jusqu’à la lie, jusqu’à l’ivresse
De votre sueur, senteur du corps tourmenté.

Celui qu’on ne voit pas à contre-jour
Aux versants des immeubles au crépuscule
On les devine au tréfonds dans la cohue
Des ombres assassines, des regards voyeurs,

Corps malade soumis aux pires coliques
Dans la croute étriquée des massifs,
Entre vues la pâleur nue de vos fesses
Sous le regard horrifié des plumeaux.

La soupe est grasse, vos appétits si maigres,
les relents vinasses de leurs poubelles
Tissent de pâles auréoles et s’accrochent
Aux doigts, venin vernis de leurs toilettes.

Vos mains pétrissent le silence
se tordent et donnent à la douleur
la couleur sang de vos ecchymoses.
La couleur rance à votre pudeur.

J’aime votre peur, la porte en mon ventre
enceinte de la nuit, sourde et sonne
à rompre le cœur à rendre à la gorge
Pour que naisse enfin la pestilente vie

 

©

Sauvegardes Poèmes

Sauvegardes Poèmes (7)

Ce compte regroupe tous les poèmes des auteurs qui ne sont plus inscrits sur le site en tant que Membre afin de laisser une trace de leurs textes pour le plaisir des lecteurs depuis le site Plume de Poète.

S’abonner
Notification pour
guest
4 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Invité
13 juin 2020 14 h 14 min

merci pour ce commentaire, . mais hélas ces femmes et hommes ne font partis d’aucune catégorie de travailleurs

Christian Satgé
Membre
13 juin 2020 7 h 22 min

Une photographie en noir et blanc d’une réalité plus sombre encore. Merci et bravo RAven pour ce texte qui n’a rien du cliché…

Brahim Boumedien
12 juin 2020 19 h 13 min

Merci, pour le partage de cette poésie décrivant une réalité dure et amère vécue par cette catégorie de travailleurs !