Coucher de soleil sur Bahia Negra – Michel LO

Avant de vous mettre les paroles, je voudrais vous parler de Bahia Negra et de l’expédition “à l’arrache” que j’ai fait avec 3 potes.

Bahia Negra est un lieu dit en plein coeur du Pantanal tout près de la triple frontière Brésil-Paraguay-Bolivie.
Par piste, on en a pour 4 jours à partir de Concepcion la dernière ville sur le fleuve Paraguay avec une route goudronnée. On est au Paraguay.
On voulait explorer le fleuve, et on a réussi à trouver un assez grand hors bord à louer dans une estancia qu’on a atteint par petit avion (environ 1h) de Concepcion, chargé du carburant (3 fûts polyéthylène bleu de 60L avec des bidons d’huile), un gros sac de riz, un cabas avec des oignons et du citron vert, une casserole et quelques assiettes plastiques et on est parti à 4 potes.
A vol d’oiseau, Bahia Negra est à 200km, mais avec tous les méandres du fleuve Paraguay, les bancs de sable et parfois les bras morts où on s’est paumé, cela fait plutôt entre 500 et 600km. On a mis trois jours (heureusement, on a trouvé un dépôt de carburant sur la rive côté brésilien, sinon, on n’avait pas assez pour revenir …).

C’était des conditions très rustiques (une couverture et une bâche de 2×2 par personne, pas de tente. On a mangé du riz et des oignons pendant 5 jours, sauf à Bahia Negra on on a eu un peu de viande de boeuf séchée salée et mise à bouillir pendant 2 heures, car on ne pêchait que des piranhas, et il y a tellement d’arêtes qu’on ne pouvait les faire qu’en bouillon.

On est restés une nuit à Bahia Negra chez un paysan, car il n’y avait rien : pas de commerce, pas d’hôtel, pas de restaurant, juste quelques maisons de torchis et un poste militaire d’une douzaine de soldats avec un officier. On s’est fait arrêtés par les soldats et l’officier nous a interrogé pendant plus d’une heure et contrôlé nos passeports, parce que 4 étrangers qui arrivent à cet endroit, ce ne pouvaient être que des trafiquants d’or ou de drogue … (on avait quand même un 357 magnum qu’on avait planqué, parce que c’était une zone vraiment sauvage avec des jaguars et des pumas (on montait la garde à tour de rôle la nuit).

Bref, voilà la chanson d’un bête coucher de soleil sublime au milieu de la jungle au coeur de nulle part.

 

Coucher de soleil sur Bahia Negra

La lumière s’adoucit, il est bientôt six heures
Bahia Negra s’ébroue, écrasée de chaleur.
Sur le fleuve Paraguay, couvert de jacinthes d’eau
Il fait encore quarante, et il a fait plus chaud.

Une garcette s’envole, un toucan passe au loin.
Un jacaré se bat en de grands coups de reins
Pour tenter de noyer la proie qu’il a saisi
Remuant les jacinthes de vagues vites amorties.

A la fraîcheur qui vient, les insectes apparaissent
Sortant d’on ne sait où, dès que le soleil baisse:
Libellules en cohortes, nuages de moustiques
Force coléoptères et insectes qui piquent.

L’eau plate comme un miroir où les palmiers-roniers
Narcisses exotiques, paraissent s’admirer
N’est troublée par moments que par d’énormes sauts
D’on ne sait quels poissons qui jaillissent de l’eau.

La lumière s’assombrit, il est bientôt sept heures.
Les nuages dans le ciel ont d’étranges couleurs
Du rose à l’orangé avec des tons bleu nuit.
Le soleil dans le fleuve semble se noyer sans bruit.

Le soleil s’est couché, désormais il fait nuit.
La jungle se réveille, dont on entend les bruits
Qui troublent le sommeil des novices que nous sommes
Dans cette vie sauvage qui n’a que faire des hommes.

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Un peu de vocabulaire :
garzette : Aigrette garzette ou “petite” aigrette. On en a beaucoup en France
jacaré : nom local du caïman (îacaré en guarani)
palmier ronier : Je ne suis pas certain qu’il s’agisse de palmier roniers, car on n’en trouve normalement pas en Amerique du sud. On les appelait comme ça, parce qu’un des membres de l’expé était guide de chasse professionnel en Afrique où se trouvent des palmiers roniers. Localement ils l’appellent karanda’y (langue tupi guarani). Peut être Copernicia Alba ?


Michel LO

Michel LO (54)

De formation plutôt scientifique (ingénieur en génie chimique, doctorat en informatique), j'ai longtemps travaillé dans de grandes sociétés informatiques et des cabinets de consulting.
Mais toujours, j'ai eu en moi le goût des mots et l'envie d'écrire. Dans toute la première partie de ma vie, j'ai écrit de nombreux poèmes que j'ai perdu, parce qu'une fois écrits, les mots ne faisaient plus partie de moi et s'en allaient sans que je n'y fasse attention.

En même temps, j'ai également toujours eu la passion du voyage d'aller voir des ailleurs et découvrir de nouveaux mondes.
Ce qui m'a amené au journalisme et je suis devenu rédacteur en chef de la rubrique tourisme dans un hebdomadaire consacré au monde de la finance.

Aujourd'hui, je suis retraité et mon temps se divise entre lecture, écriture de poèmes/chansons et musique. Et naturellement, j'ai commencé à mettre mes textes en musique dans des chansons que je qualifierais plutôt de "variété".

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