Ch’livreur de pain
Les arbres de la nuit
Ont des bras inquiétants.
Chaque ombre s’évanouit
Tel un monstre mutant !
Voilà ce qu’entrevoit
Un jeune travailleur
En donnant de la voix
Pour tuer ses frayeurs.
Il va livrer le pain
Avec un attelage
Qui, suivant les sapins,
Va de bourgs en villages.
Et partout les terrils
Couvrent le territoire.
Ces poussières stériles
Façonnent son histoire.
Quand finit sa tournée,
Passé le dernier val,
C’est la fin de journée,
L’heure des soins du cheval.
Revient dans le coron,
Tout briqué de tristesse,
Semblables environs
Et semblables détresses.
Quand il a du chagrin,
L’enfant monte au grenier,
Comme l’oiseau, dans le grain,
Gagne le pigeonnier.
Et partout les terrils
Couvrent le territoire.
Ces poussières stériles
Façonnent son histoire.
Sur un fond de farine,
Le poussier s’assemblant,
Produit, de sa poitrine,
Des toux en noir et blanc.
Puis un jour pour Paris
Il partit un matin
Misant dans un pari,
Son destin incertain.
Son nom fut Dutailly,
Alfred de son prénom,
Depuis il est parti
Mais je porte son nom.
Maintenant les terrils
Bitument les trottoirs
Et la fin des terrils,
C’est la fin de l’histoire.
© Philippe Dutailly – 12/11/1988
Joli hommage à ce Dutailly ou Duterril!
Les terrils conservent en leurs entrailles toute l’âme des ch’tis.
“Son nom fut Dutailly,
Alfred de son prénom,
Depuis il est parti
Mais je porte son nom.”
J’aime le “Mais je porte son nom“. Un “Mais” qui contraste avec le depart, et qui dit presque que ce grand homme à qui vous rendez avec finesse hommage…vit encore. Subsiste son nom que vous portez, bien fièrement..
C’est sublimé Philippe, merci
quelle agréable lecture et quel bel hommage.
doux we à vous.
Bel hommage envers votre ascendant avec de nobles sentiments ,merci du partage cordialement Colette Guinard
Bel hommage. Il ne faut jamais oublier nos racines, nos parents. Par ses écrits, nous les rendons immortels.
bravo pour ce texte
Ol
Très émouvant Philippe… En te lisant me vient en tête les images que j’ai eues en lisant “germinal ”
Tu portes fièrement son nom..
Très beau texte Philippe, fort en sentiments et en émotions, merci pour ce partage.