Alouette du soir…miroir – Ober Lenon

 

 

  Alouette du soir … miroir

Dépose un regard velouté,
mouvement de robe en aparté,
de longs faux cils en étendard,
des couleurs vives pour le fard,
elle marche, déambule patiemment,
sur le trottoir attend client.

 

Les bourgeoises sous leur parapluie
la regardent en coin, l’humilient,
répandant venin de vipères,
la Créature les exaspère :
c’est dans ses bras que leurs maris
s’endorment parfois certaines nuits.

 

Pourtant, lieu de la crucifier,
elles devraient la remercier
quand après l’amour elle renvoie
les corps soulagés dans leurs bras.
Combien de ménages en sursis
ne lui doivent un jour leur survie ?

 

Elle dispense caresses et paroles
toujours en échange d’une obole,
tantôt calme, console ou jugule
violences douces ou des crapules.
Souvent les mêmes qu’on assassine…
deviennent blancs teints, non pas Hermine.

 

Si les êtres pouvaient mieux s’aimer,
passaient moins de temps à crier,
elle prendrait sûrement moins de coups
la putain, parfois, sur ses joues.
Mais de çà, ne parle jamais…
Sous maquillage, marques cachées.

 

Et quand labeur s’achève enfin,
lorsque sont partis malandrins,
ôte frous-frous, range le bustier,
grimpe quatre à quatre les escaliers,
monte à la chambre de l’angelot.

Pour lui seulement se lève tôt…  

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8 Commentaires
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Invité
16 novembre 2019 18 h 35 min

Je vous remercie pour ce joli texte traitant d’un métier intemporel ….que je n’insulte pas. Bon week-end.

Brahim Boumedien
Membre
16 novembre 2019 14 h 58 min

Merci pour ce généreux partage poétique décrivant une triste réalité et une forme de tartufferie qui ne dit pas son nom…

Invité
16 novembre 2019 13 h 10 min

Voici une déclaration que je valide et qui devrait vous isoler des pécores et fils de minus…Qui ignorent qu’il s’en fallait de peu..pour que cette “alouette, gentille alouette” ne fut leur mère (BRASSENS).
Merci de votre loyauté.

Christian Satgé
Membre
16 novembre 2019 8 h 21 min

Un bel hommage, tout en beauté, pour celles que l’on méprise voire insulte et qui arpentent nos rues inlassablement. Bravo et merci pour ce partage…