A tous ces P’tits Louis…
Une pensée pour ceux-là jamais inhumés
Que mon enfance rurale et littorale a fait côtoyer
Sans foyer et naturellement par le large, d’emblée attirés
Et comme partis pour y rester
De quelques années plus que moi âgés
Ici je les appellerai P’tits Louis dans une même sépulture réunis
En ces années d’après-guerre et, ne connaissant que la mer
En dehors d’elle, ils ne savaient de leurs bras que faire !
Matelots de premier rang
Ils n’avaient pas grand chance d’échapper à leur destin bien longtemps
Alors le temps s’écoulait souvent pendant des mois avant qu’on apprenne
Que pour lui ce fut Sein, Terre-Neuve ou encore les si lointaines Kerguelen…
Plus précis que ce que devint Manurêva
C’était déjà ça !
De mes dix ans, je me souviens de vous mes P’tits Louis
Au bercail revenant si peu souvent, pour une pause solitaire
Prenant toujours couleur d’un mauvais vin ou d’un succédané de champagne qu’on saurait partager
Peut-être par un enfant prodigue, inspirés
In tantinet fiers d’un retour au pays inespéré
Pour un nid que vous pensiez à jamais abandonné…
Et pour toi, mon P’tit Louis préféré
Un sort encore plus triste tu préparais, si tardivement connu et qu’il me faut ici évoquer
Avec cette cloche dans un port qui fut ton repère dernier…
Alors sais-tu, tu m’auras fait pleurer, toi qui dans tes bras de nounou sans le sou, as si souvent su me prendre pour me bercer…
J’étais à peine né !
Merci à toi P’tit Louis au singulier cette fois-ci
D’accueillir aujourd’hui
Ma pensée après tant d’années …