35 minutes hors du temps !
Moi qui ne crois en l’existence du temps
Je ne peux ici une fois encore résister
A ces 35 minutes de bonheur passées hors du temps …
Il s’appelait Rachmaninov
Avec son concerto n°2, je découvris la musique dite classique
Lui s’appelle Lang Lang, bien vivant et aujourd’hui je le pense vraiment unique !
Champion hors catégorie du clavier en ces plutôt sombres années
Lui, magistral d’élégance et d’assurance, tellement brillant !
Avec ces deux êtres là, séparés par tant d’années, tu peux t’y risquer mon enfant
Dès les premières notes tu fais un pas de côté
Surpris par l’orchestre, expectant
D’abord abasourdi, tu te ressaisis
Puis subtilement, acmé de la beauté,
L’orchestre est au service du pianiste…
De toi, Lang Lang, je ne vois déjà plus les doigts tandis que ton corps, porté par la musique, lévite
Ni pupitre, ni partition, pure émotion
Oreille absolue et tant d’autres vertus, mille talents, nous offres-tu !
Puis subrepticement, à nouveau, l’orchestre s’est tu, disparu…
Et, à nouveau, il revient avec l’allegro…
Mais comment fais-tu, toi, du si lointain Orient venu, là où l’art musical, est tellement différent de celui de l’Occident !
Toi, l’enfant génial, que j’ai déjà niché au plus profond de mon cœur, les doigts retombant de si haut, pour toujours, le beau milieu de leur cible frapper, alternant le violent avec l’effleurement, qui, pour en rajouter, regarde toujours à côté, extériorisant une sensibilité sans cesse exacerbée, pour éveiller jusqu’à ma sensualité !
Moi, éternel débutant, troublé à en pleurer par tant de virtuosité, de beauté, dépassé, fermant les yeux
Ailleurs, parti, de bonheur rempli, exagérément dominé, heureux
Finalement emporté par l’extase, avec le retour de la première phrase…
Alors écoute-moi mon chérubin…
Avec ces formes subliminales de cet art sonore que j’adore, qui sur l’instant s’efface, ne laissant de traces, comprends que ton âme, dans une nouvelle dimension, va pouvoir encore grandir, puis s’épanouir
Et, grâce à ton travail, si nouvel enfant prodige tu deviens, tu n’auras rien pris à ton prochain, non RIEN !