Petit Pierre
Cette fin de nuit, les chairs un peu meurtries,
Tu pousses enfin ton premier cri.
Péniblement, ta mère vient de te donner la vie.
Inscrivez « Pierre » a-t-elle faiblement murmuré
Tout en t’ignorant comme si tu étais un étranger.
Elle te laisse, seul, dans ton berceau, t’époumoner.
Petit être innocent, en un instant tu deviens différent.
A peine expulsé, te voilà sevré, sans parents.
Jeté à l’abandon qui t’ouvre ses bras ferrés,
Tu es, enfant de personne, condamné
A porté l’anonymisation de ton identité
Tout en étant l’enfant secret d’une mère discréditée.
T’abandonner, elle n’a pas d’autre choix.
Elle sait que tu seras un enfant en proie
Alors qu’il existe des enfants rois.
Chaque jour, elle souffrira, en silence
Du vide retentissant des cris de ta naissance.
Jamais elle ne pourra faire le deuil de ton absence.
Le temps véhicule le malheur et la chance.
Aujourd’hui, à cinq ans, tu vis une belle enfance.
Tes parents adoptifs fortifient ton droit d’exister.
Si petit, tu prends conscience de cette réalité.
Patiemment, ils pansent ta blessure primitive,
Ainsi, ton passé douloureux part à la dérive.
Va petit Pierre, va pédale avec ardeur,
La vie est un combat intérieur.
Avance, développe ta force personnelle,
Un jour, tu voleras de tes propres ailes.
Tu partiras, en emportant ton enfance douceur,
A la recherche de cette femme sans marqueur,
Qui, une cruciale fin de nuit, dans la douleur,
T’a planté une écharde dans le cœur.