Vive la mariée ! – Christian Satgé

Petite fable affable

“Femme toujours à la femme est funeste ;
Vieilles surtout sont pires que la peste.”
Barthélémy Imbert, Auberée (1788)

 

Chez les molosses, colosses bouffeurs d’os, sont noces :
Belosse, la fille du roi de ces crocs féroces,
Épouse, la gueule au gloss, en virginal péplos,
Un certain Hippocampéléphantocamélos.

 

On a amené, pour l’amen à l’hymen, une foule
De familiers et d’alliés qui se défoulent
Sur les tourtereaux qu’on imagine, et ça sans fard,
Elle ingénue volage et, lui, cocu soiffard.

 

C’est surtout ce qu’en dit le concile des séniles,
Lices à lisse pelisse et peau qui plisse en chenil.
« “Fidèle et sage ” avec ce gros museau juvénile,
Sornettes ! fit l’une : c’est gage de douleurs en mesnil !

 

– Les tendrons n’ont d’amis que suborneurs car Jeunesse
Est, surtout quand on a ces charmes-là, traîtresse.

 

– Si fille ne les a pas offerts, femme les leur donnera…
Car si elle ne l’a pas fait elle le fera ! »

 

Sachant bien quelle fumée sort de ces conclaves,
Le père de l’épousée va aux chiennes faisant enclave
Parleresse comptant les galants et les amants
À venir de la rosière au minois si charmant,
De la jouvencelle fraîchement baguée qui, pucelle
Jouait  nymphe farouche et timide jouvencelle.

 

Il les salue avec les révérence et respect dus,
S’enquiert de leur bien-être, l’air détendu.
Les vieilles, flattées, invitent leur bon hôte
À discuter mais il glisse, alors, à ce ban de dévotes :
« Je hais qui prétend voir dans l’ambre de l’avenir
L’ombre de ses plus inavouables souvenirs… »

 

© 2021 – Christian Satgé, extrait de « Petites Fables Affables… des village du coin » (5Sens Editions)

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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