Un ponte au pondoir – Christian Satgé

        Petite fable affable

 

Sur son nichoir, Dame poule couve.

Son coq de mari peste, écharde au cœur, 

Épine à l’âme, l’œil un brin moqueur :

 

« Il faut quand même, un matin, que tu trouves

Le temps pour tous tes devoirs ménagers ?

 

– Couver est corvée ! à toi de soulager

Ce labeur fait pour toi et pour du beurre !

 

– J’ai mission de réveiller le soleil,

Et pour travail – de l’ergot, du conseil,… –

De faire régner la paix, à toute heure,

Au poulailler. J’ai donc bien du boulot !

 

– C’est une sinécure que mon lot ?

 

– C’est dans tes rôle, fonction et besogne

Avec le reste que tu négliges trop !

 

– Comme la pluie je prends tout ça de haut :

Pas de turbin sans talbin, Rouge Trogne !

Renchérit la poule. Ton gagne-grain

Est un job nous laissant, tels des murins, 

Pauvres comme Job… Et, cette besogne

Est dans tes rôle et fonction, cher sultan

Insultant qui se croit maître du temps !

 

– Mon métier, moi je le fais bien, Carogne !

 

– La seule chose que tu fasses bien 

C’est ton âge, espèce de vaurien ! »

 

Bec cloué, le mari marri allonge

Le pas pour aller empapaouter

La voisine à l’humeur plus ouatée.


« Voilà, ça lui fera les pattes ! » songe

Le coq : la maîtresse de sa maison

Ne s’est jamais rendue à ses raisons

Alors qu’il est roi du lieu, sans conteste

 Qu’il sort tous les jours Râ de son sommeil,

Que les hommes ne posent pas l’orteil

Dans sa cour sans son aval, l’air modeste,

Mais il n’est, si puissant soit-il, de roi

Qui soit souverain aussi sous son toit.

© Christian Satgé – juillet 2015

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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