A agir comme un chef opiniâtre
On se retrouve face aux pelotons
Il demeurait dans la montagne albâtre
Un berger entouré de ses moutons,
Bétail offert aux appétits gloutons
de loups qu’il ne savait comme combattre.
Il adopta pour protéger ses bêtes
Quatre valeureux chiens aux yeux perçants,
Qui veilleront, par leurs tours incessants,
Sur l’élevage arrêté sous les crêtes.
Leur guet était tellement efficace
qu’il rebuta les loups malicieux.
Malheur au prédateur audacieux
Songeant à faire une prolixe chasse !
L’homme était heureux dans sa montagne ;
Ses moutons s’engraissaient dessus, dessous,
Chacun tintait comme un sac de gros sous
Avec l’accord joyeux de la cocagne.
Hélas ! tout ici bas connaît son terme,
Et le berger n’en fut pas affranchi :
C’était lorsque les prés avaient blanchi
Et qu’un enfant passa devant la ferme.
En voyant les moutons, il eut l’envie
Innocente d’aller les caresser.
L’un des gardiens venait de se dresser
et accourut le mordre à la cheville.
La famille gémit, à l’agonie :
“On assassine ! On dévore un bambin !
Comment venger notre cher chérubin ?
Foudroyons ce haut fait de félonie !”
A ce saint jugement plein de justice
Le berger effrayé dut réagir,
Et pour répondre au quantumvir
Il mit à pied ses agents de police.
Assurément, Il répara l’outrage
Mais que penser d’un état qui abat
Toute une armée à cause d’un soldat ?
Et seul le Beauceron crevait de rage.
Il s’en suivit une grande infortune :
Les dogues ligotés près de leurs pieux,
Un loup parut, investit les lieux
Et se servit un festin sous la lune.
Ils ont beau eu japper ou bien se tordre,
Le loup mangeait sans jeter un regard.
Quand le soleil lança son premier dard
Le berger constata tout le désordre.
Fou furieux, il réclama vengeance
A ces chiens, ces roquets inoffensifs
qui, irrités des propos incisifs,
Lui firent bien payer sa prévenance.
A agir comme un chef opiniâtre
On se retrouve face aux pelotons.
Notre ministre, usez de vos raisons
Ou vous suivrez l’exemple de ce pâtre.
Une fable fort bien troussée et qui, quoique causant d’ovins, devrait faire réfléchir Place Beau Veau. Merci t bravo pour cette belle ouvrage.