
Petite fable affable
Dans un trou,
 Réputé fort sage,
 Un hibou
 D’un grand âge.
 Sans le sou,
 Dans son voisinage,
 Un voyou,
 As du braconnage.
 Sans tabou,
 Plus prompt au carnage,
 Mauvais coups,
 Et autres pillages
 – Peu ou prou ! –
 Qu’aux vains copinages
 Et bagou :
 Un autour à gages.
 Ça dit tout
 Du Garou !
L’autour envisage
 Le vieux trou,
 Et pour cet usage,
 Le hibou,
 Finira potage
 Ou ragoût.
 Sans plus de battage,
 Le hibou,
 Reçoit un branchage
 Sur le cou ;
 L’autour tout en rage,
 Le découd.
 Mais Morne Plumage
 A du chou,
 C’est un avantage
 Chez les mous :
 Il feint le claquage,
 D’être dans le cirage.
Pour le coup,
 Sans le mouchardage
 D’un coucou
 Sis dans les parages,
 Le hibou
 Serait mort, je gage.
 Ce coucou,
 Et son copinage,
 Le filou
 Fit fuir sans partage.
 Mais surtout
 Le prit comme otage,
 Et ce pou
 Jugé au passage,
 Fut, itou,
 Pendu au faîtage
 Par le cou.
 Foin d’écrous !
Après l’arbitrage,
 Le hibou
 Est en ravaudage.
 Un grigou
 De son voisinage,
 Rat d’égoût,
 Se voit en ménage
 Dans son trou.
 Il offre au vieux sage
 Quelques coups
 D’alcool qui ravage,
 Met à g’noux ;
 L’autre, vu son âge,
 Donn’ du mou…
 Le rat le soulage
 De ses sous
 Sans le moindre tapage,
 Au bois comme au village.
Près du trou,
 Pleurs et caquetages.
 Le hibou
 Est mort. Quel dommage !
 Le grigou,
 Dit : « Il aimait, ce Sage,
 Boire un coup
 De bon cépage !
 Ça c’est fou :
 Ce travers ravage
 Pour le coup !
 Pis, écourte votre âge,
 Ruine tout
 De votre héritage.
 C’est dégoût ! »
 Puis il emménage.
 Dans le trou.
 Pour quel coût ?
On se débarrasse bien mieux
 D’un gêneur, ou d’un autre,
 En flattant ses penchants, mon vieux,
 Qu’en cultivant les nôtres 
© Christian Satgé – juillet 2011