J’ avançais cette nuit d’ hiver dans
la rue déserte, mes souvenirs devant moi,
mon avenir derrière. Je les attrapais ces souvenirs,
je les voulais toujours mien, je les martelais de ma mémoire
comme pour les changer, comme pour apaiser les regrets d’ un
passé trop fait de non dits et de vulgaires politesses. J’ avançais toujours
cette nuit, la route bordée d’ arbres hiératiques comme frémissant de froid
avec leurs rameaux poudreux. J’ allumais alors une cigarette pour continuer de me
bruler les lèvres quand la mémoire consumait déjà mes pensées à venir.