Sirènes – Philippe Dutailly

Sous le bleu azur du ciel infini,

La mer étale son grand manteau verdâtre.

Son flux et son reflux en va et vient lascif

Bercent les galets d’une langueur lancinante.

Là-haut, l’albatros passe, nonchalant.

Le battement de ses ailes démesurées

Mêlé à ses cris rauques font entendre

La rythmique pathétique de la mer.

Debout au sommet d’une falaise

Le cœur béant, contemplatif

J’insère mes songes atrabilaires,

Au chant immuable des vagues.

Cette mélopée, harcelante, mélancolique

C’est celle de mon cœur, de mon âme.

Je suis aspiré, soudain, au-delà du réel.

Des sirènes, nues, aux écailles arc en ciel,

Auréolées d’écume et irisées de soleil

A la nageoire scintillante de petits sémaphores

M’invitent en me tendant les mains.

J’avance,  ébloui par leurs beautés sublimes,

Fasciné par leurs chants mélodieux.

De subtils parfums s’exondent en fragrance

Elles m’ouvrent, béantes, les portes d’un paradis.

Mais à peine jouissais-je du bonheur immédiat

Que l’azur passe au violent anthracite

Le vent enfle et soudain se déchaîne

Il va tempêtant et tornade mes rêves.

Les belles fées de l’amour, subitement furies,

Surfent au faîte d’un tsunami hostile

Qui submerge mes songes et me plaque au réel.

Je hurle en maudissant ce ciel ténébreux

Qui mazoute mon monde limpide et merveilleux

Par son présent nauséabond, visqueux.

Une larme perle sur mon visage meurtri

D’adolescent presque du troisième âge.

Dans le gris pisseux du ciel fadasse

Le bel albatros a déserté l’espace…

Debout au sommet d’une falaise

J’entends toujours le chant d’une sirène

Mais ce n’est que la corne de brume…

 

© Philippe Dutailly

Nombre de Vues:

4 vues
Philippe DUTAILLY

Philippe DUTAILLY (86)

Tombé amoureux de "L'albatros" de Charles Baudelaire, poème appris lorsque j'étais 'écolier et nourri au hasard de Victor Hugo, Georges Brassens, Léo Ferré, Lamartine et beaucoup d'autres, j'ai commencé à faire rimer les mots vers l'âge de 18 ans. D'abord très inspiré par Brassens, j'ai pris, au fil du temps, mon autonomie pour en venir à des textes plus intimes qui, pour certains, servirent d'exutoire à des émotions mal vécues.

S'abonner
Me notifier pour :
guest

1 Commentaire
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Lausha
Membre
20 septembre 2024 23 h 50 min

Quel bel hommage à l’Albatros ! Plein de grâce.. L.