Si on oublie de ne pas oublier, Lucienne Maville-Anku

On mourra si on oublie
Si on oublie de ne pas oublier
Et que l’on marche nonchalants
Et froids dans ces lieux
Que les souliers de la haine ont souillés
Et sans un brin de pitié piétinés
On mourra si on oublie
Et qu’on choisit l’indifférence
Quand on sait et entend hurler
Le sang versé d’enfants qui plaident
Et ne cessent de crier leur innocence
On mourra si on oublie
Tout ce qui s’est passé
Et que plus rien cela ne nous dit
Ni chaud ni froid cela ne nous fait
Que continuent à se commettre ces crimes
contre l’Humanité
On mourra si on oublie et se dit
Que tout cela c’est du passé
Du passé antérieur
Qu’on fait bien d’enterrer
Et qu’on ferme les yeux
En prétendant que l’on prie
Quand on ne veut pas voir
Et a déjà donné sa caution
Et le mal est bien
Ce passé lointain
Qui nous revient
On mourra si on oublie
Si on oublie de ne pas oublier
Que dans le sol les semences de haine
Demeurent et ne meurrent que pour renaître
Et pousser des tiges et des bourgeons
Et qu’ils se multiplient et profilèrent
En leur saison de printemps
Au printemps de leur saison
On mourra si on oublie
Si on oublie de ne pas oublier
Que ces vieilles herbes qui hibernent
Sont nuisibles et nous étoufferont
Si vaillants et conscients nous ne veillons
Et ne semons constamment
En abondance dans nos sols fertiles
Désolés de misères et de désespoir
Les semences salubres de l’espoir
Pour moissonner l’espoir
Et dans nos terres saturées de peines
Les saines graines de la paix
Que parrainent des âmes sereines
Par des actes de justice
Pour glaner la Paix
On mourra si on se tait

Et si je garde le silence
Et ne fais rien et dors
Ce pourrait-il qu’en moi
Subtile un grain mort
Ait déjà pris et soit près de lever
Dans mon cœur empoisonné
Et que rien cela ne me fait

Nous sommes des semeurs
Que point on n’oublie
De semer à profusion
Dans ces trous où a abondé
Et abonde encore l’injustice
Des actes nobles de justice
Qui se multiplieront
Et que soient assainies
Dans nos eaux ces mœurs
Qui outragent les dieux
Dans nos pays qui meurrent
Asphyxiés et ne sont plus prospères
On mourra si on oublie de ne pas oublier
De rechercher la Paix
Pour notre terre
Et d’être soi-même son champ
Là où on est
Et non le champ de la guerre

©Lucienne Maville-Anku, 05/07/20, 12 :10

Lucienne Maville-Anku

Lucienne Maville-Anku (820)

"C'est en écrivant que j'apprends à écrire."
Je suis originaire de la Martinique, une des charmantes petites iles de la Caraïbe, et vis au Royaume-Uni.
J'écris depuis de nombreuses années, et ce sont les autres, dans un premier temps, qui par leurs nombreux encouragements et appréciations a la lecture de mes textes m'ont aidée à prendre conscience que j'avais des talents à valoriser.
Ce désir d'écrire et de mieux écrire qui niche en moi depuis l'âge de 15 ans n'a jamais cessé d'aller croissant. Aussi, j’expérimente que c'est le fer qui aiguise le fer, et que plus j'écris, plus je désire écrire, et apprends de la sorte à écrire en autodidacte, par le soupir, par le désir, comme un feu qui s'attise.
La Poésie elle-même m'enseigne, j'apprends d'elle et découvre plus de sa beauté et sa diversité en lisant et en appréciant ce que d'autres écrivent et expriment, notamment sur cette plateforme, terrain de partage et d'expérimentations où foisonnent tant de talents qui m'émerveillent. C'est une vraie galerie d'arts uniques.
J'écris et développe cet art d'écrire en cultivant ma relation avec la Poésie, 'bon pédagogue’ qui m'instruit et m'éduque, et l'écriture elle-même qui comporte aussi des vertus thérapeutiques contribue à mon développement personnel. Cependant, j'ai souvent désiré participer à des programmes de formation pour parfaire mes talents et la stylistique.
J'ai compilé déjà plusieurs recueils de textes poétiques que je souhaite "dé-confiner" pour les mettre à profit, partant du principe que ce que l'on partage, on le gagne, et ce que l'on garde, l'épargnant à l'excès, on le perd.

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4 Commentaires
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Michel Leutcha
Membre
22 juillet 2020 15 h 01 min

” On mourra si on oublie ” ! L’oublie est dans la tombe ! L’oublie est dans le silence ! Pour ne pas oublier, nous avons la Poésie et tous les autres arts. Merci Maville de nous avoir rappelé notre ultime devoir.

Invité
22 juillet 2020 10 h 59 min

Merci pour ton texte qui réveille, qui interpelle
Assez profond.
Pour toutes ces souffrances
Toutes ces douleurs muettes
Ce n’est pas facile d’oublier
On mourra si on oublie de ne pas oublier..