On mourra si on oublie
Si on oublie de ne pas oublier
Et que l’on marche nonchalants
Et froids dans ces lieux
Que les souliers de la haine ont souillés
Et sans un brin de pitié piétinés
On mourra si on oublie
Et qu’on choisit l’indifférence
Quand on sait et entend hurler
Le sang versé d’enfants qui plaident
Et ne cessent de crier leur innocence
On mourra si on oublie
Tout ce qui s’est passé
Et que plus rien cela ne nous dit
Ni chaud ni froid cela ne nous fait
Que continuent à se commettre ces crimes
contre l’Humanité
On mourra si on oublie et se dit
Que tout cela c’est du passé
Du passé antérieur
Qu’on fait bien d’enterrer
Et qu’on ferme les yeux
En prétendant que l’on prie
Quand on ne veut pas voir
Et a déjà donné sa caution
Et le mal est bien
Ce passé lointain
Qui nous revient
On mourra si on oublie
Si on oublie de ne pas oublier
Que dans le sol les semences de haine
Demeurent et ne meurrent que pour renaître
Et pousser des tiges et des bourgeons
Et qu’ils se multiplient et profilèrent
En leur saison de printemps
Au printemps de leur saison
On mourra si on oublie
Si on oublie de ne pas oublier
Que ces vieilles herbes qui hibernent
Sont nuisibles et nous étoufferont
Si vaillants et conscients nous ne veillons
Et ne semons constamment
En abondance dans nos sols fertiles
Désolés de misères et de désespoir
Les semences salubres de l’espoir
Pour moissonner l’espoir
Et dans nos terres saturées de peines
Les saines graines de la paix
Que parrainent des âmes sereines
Par des actes de justice
Pour glaner la Paix
On mourra si on se tait
Et si je garde le silence
Et ne fais rien et dors
Ce pourrait-il qu’en moi
Subtile un grain mort
Ait déjà pris et soit près de lever
Dans mon cœur empoisonné
Et que rien cela ne me fait
Nous sommes des semeurs
Que point on n’oublie
De semer à profusion
Dans ces trous où a abondé
Et abonde encore l’injustice
Des actes nobles de justice
Qui se multiplieront
Et que soient assainies
Dans nos eaux ces mœurs
Qui outragent les dieux
Dans nos pays qui meurrent
Asphyxiés et ne sont plus prospères
On mourra si on oublie de ne pas oublier
De rechercher la Paix
Pour notre terre
Et d’être soi-même son champ
Là où on est
Et non le champ de la guerre
©Lucienne Maville-Anku, 05/07/20, 12 :10
” On mourra si on oublie ” ! L’oublie est dans la tombe ! L’oublie est dans le silence ! Pour ne pas oublier, nous avons la Poésie et tous les autres arts. Merci Maville de nous avoir rappelé notre ultime devoir.
Merci Benjamin pour ce beau commentaire.
Merci pour ton texte qui réveille, qui interpelle
Assez profond.
Pour toutes ces souffrances
Toutes ces douleurs muettes
Ce n’est pas facile d’oublier
On mourra si on oublie de ne pas oublier..