Les loriquets et leur voisin – Christian Satgé

 

Petite fable affable

Plus bruyants que brillants, des loriquets en bande,

Très haut dans les branches, pépient à plein caquet.

Les voisins, les passants fuient cette sarabande

De bons mots, de lazzis, d’ironie,… par paquets :

Nul ne peut échapper aux moqueries critiques,

Au point que l’on finit, souvent, par s’écharper

Parmi ces oiseaux-là, de cris en ris harpés ;

Rire de tous, ici, est une politique !

 

Passe un ornithorynque au pas un peu pressé.

Aussitôt, il lui pleut des brocards, des sarcasmes,… 

Le voilà la risée de qui aime agresser,

Juger qui doit déchoir, tout secoué de spasmes.

«  Juchés sur vos perchoirs, vous voilà courageux ;

Cachés sans peur de choir, le nombre vous protège

De toute réaction qui, un beau soir, abrège

Vos jours si, d’aventure, il vient un ombrageux !

Mammifère pondeur, sourd et, bien pire, aveugle

Quand je plonge en mare, moi, le si bon nageur,

On raille mon gros bec de canard et on meugle

Pour imiter mon cri ; On voit, Vains Tapageurs,

Qu’avec pattes palmées, griffues, j’hésite en sentes

Et suis ridicule avec ma queue de courtaud.

J’entends les quolibets, quoique bête et pataud,

Et votre dérision, jamais bien innocente…

J’en ris quand je vous vois, vous et vos vies, Compères :

On est moins malheureux, Pipelets, qu’on ne croit.

Non. Ni aussi heureux qu’on ne  veut et espère.

Je suis laid et alors ?!… Chacun porte sa croix.

Les miens m’aiment. Ça me suffit. Mais qui chansonne

Jusqu’au saint nom des siens qu’a-t-il donc en surplus ?

L’être à qui personne ne plaît est, ma foi, plus

À plaindre que celui qui ne plaît à personne ! »

 
© Christian Satgé – mai 2012
Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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2 Commentaires
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Anne Cailloux
Membre
22 octobre 2017 21 h 43 min

C’est si joliment dit.. envie d’arracher quelques plumes…
Que c’est vrai…Lequel est plus à plaindre !
très joli texte.
Anne