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 Petite fable affable 
  
Peut-on, restant soi, ses rêves poursuivre ? 
Le père d’un jeune caméléon lui dit 
À peine eut-il atteint l’âge où, las, on part vivre  
Sa vie hors l’enfance et son si beau paradis : 
« Sois ce que tu es, deviens ce que tu peux ! » 
Ce qui étonne le fiston de l’adipeux : 
« Père comment peux-tu affirmer telles choses 
Toi qui te fonds, pour un rien, au décor 
Qui ne cesses, partout, d’être en parfaite osmose, 
Faisant disparaître ainsi le tout de ton corps. 
– Pas d’abnégation là. Ni plus de bassesse : 
Si je fais cela c’est pour mieux arriver 
À mes fins. Mais est-ce que, pour autant, je cesse 
D’être un caméléon ? » fit-il, l’œil fort rivé 
Sur cet enfant qui ne comprend mie ni miette 
À ce qui doit être, encore un brin mauviette : 
« Non pas, papa car tu ne changes pas d’état 
En changeant d’habit et de tons jusqu’à l’overdose ! 
– Qui sait se faire oublier, ogre ou lolita, 
Souvent réussit, et mieux, qu’un qui   s’expose ! » 
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© Christian Satgé – juin 2018 
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