Variation païenne d’un rite religieux corrézien
Les rites d’autrefois faisaient, dans l’harmonie,
Participer le peuple, souvent émerveillé,
Aux activités joyeuses des cérémonies.
Voici, pour mon exemple, celui des “ réveillés. ”
Les cloches fêtaient pâques dans toute la région,
Jésus ressuscitait dans la force de l’âge
Mais la vieille Corrèze, outre la religion,
Rassemblait tous ses jeunes au bar du village.
Tandis que le curé, lui, prenait un ciboire
Et le levait aux cieux entonnant des cantiques,
Ils chantaient “ Jeanneton ” en se mettant à boire
Quelques canons chargés de vertus sympathiques.
Ils allaient ensuite chanter dans les domaines
Des ballades chrétiennes, sur un ton hasardeux,
“ Amis, réveillez-vous ! ” pour que les gens amènent
Quelques litres de vin et une douzaine d’œufs.
Les canons répétés tiraient à boulets rouges
Sur ces jeunes visages quand arrivait le soir.
Certains s’interrogeaient “ c’est le plafond qui bouge ? ”
D’autres pris par le doute, préféraient se rasseoir.
Après avoir remercié les gentils donateurs,
Ils rentraient à la ferme pour faire l’omelette
Et dévorer goulûment ce mets de sénateur
Agrémenté parfois par quelques côtelettes.
Au matin, “ Les Milladiou ” semblaient moins persuasifs
Dans les bouches pâteuses crachant les derniers chants
Et comme la contrée n’aimait guère les oisifs
L’estomac en baratte, ils regagnaient leurs champs.
On a laissé périr ces rites populaires
Aussi leurs survivances ont le ton sentencieux,
Comme l’épitaphe des fêtes séculaires,
Elles accusent aigries, ce siècle prétentieux.
© Philippe Dutaiily – 20 05 1993
C’était avant tout ça Philippe. Avant quoi,? Je ne sais pas mais de nos jours tout a l’air stérilisé et formaté.