Les poules & les perdreaux – Christian Satgé

Petite fable affable

« À une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire. » George Orwell, 1984

Il prit à Jupin l’envie d’avoir basse-cour.
Ces caprices divins au Mont Olympe ont cours.
Mais il fallait prendre soin de cette poulaille,
Donc songer aux vieux jours de toute volaille.
Le dieu des dieux ne voulant s’enquérir
De ces menus détails, qu’à l’Immortel n’importent,
À toute discussion ferma donc la porte
Décidant qu’il suffirait de les équarrir.

Branle-bas et bronca chez oiseaux et oiselles
Qui, des plus mécontents, battirent fort des ailes,
Tempêtèrent haut et, pis, protestèrent prou.
On imagine un jupitérien courroux
À pareille insolence, à tant d’impertinence.
Le Maître des Cieux alla quérir chez les perdreaux
Qu’il casqua et botta quelques braves héros
Pour calmer cette plèbe. Et en toute imminence.

Et ces nouveaux-venus, formant des unités,
Purent tout « nettoyer » en toute impunité,
Faisant aux édentés cracher sang et molaires :
Partout ils blessèrent, amputèrent, énucléèrent
Même, hélas, immolèrent une dinde venue
S’informer du pourquoi du comment, ingénue.
Et les perdreaux zélés après tout ça pleurèrent
Que la république des volatiles n’aimait
Pas leur race et s’en ouvrirent comme jamais
À qui en avait fait des Judas face aux grégaires.

Toutefois quand tous ces dévoués serviteurs
Qui avaient pour un beau médaillon de sectateur
Et pour quelques graines en surplus vendu leur âme
À Jupin, se rendirent enfin compte que, Dame !,
Ils n’en auraient pas plus que poules quand sonnerait
Leur heure et que, dia’, leurs couvées en auraient
Moins encore, ils tournèrent, ensemble, la crosse
Permettant révolution au Paradis
Des Dieux, laquelle poussa Jupin pardi
À offrir poulailler aux hommes. C’est d’un rosse !

Quand un problème occupe tes jours, tes nuits,
Que tu ne peux compter sur aucun appui,
Fais la guerre au voisin, et si ça t’ennuie,
Laisses-la à qui te suit… ou à autrui.

 

© Christian Satgé – mai 2020

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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4 Commentaires
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Invité
11 juin 2020 9 h 51 min

Faisons l’amour, pas la guerre, l’amour fait oublier les problèmes, merci Christian.

Invité
1 juin 2020 13 h 17 min

Cher Maître Satgé,

Voila ! Voila pourquoi, et non par fantaisie,
Je précède votre nom, par votre titre.