Les invisibles – Jean-Marie Audrain

Bientôt va s’achever le mois appelé celui de nos chers défunts, commencé par le jour des morts. Comment ne pas penser à ce poème apocryphe attribué à Charles Péguy intitulé : La mort n’est rien :

Je suis seulement passé, dans la pièce à côté.

Je suis moi. Vous êtes vous.

Ce que j’étais pour vous, je le suis toujours.

Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné.

Parlez-moi comme vous l’avez toujours fait,

N’employez pas un ton différent.

Ne prenez pas un air solennel ou triste.

Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.

Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi.

Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l’a toujours été, sans emphase d’aucune sorte, sans une trace d’ombre.

La vie signifie tout ce qu’elle a toujours été. Le fil n’est pas coupé.

Pourquoi serais-je hors de vos pensées, simplement parce que je suis hors de votre vue ?

Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin. »

  La première fois que j’ai lu ce poème mentionnant la pièce d’à côté, je me suis posé la question : de l’autre côté de quoi ?

Et une réponse s’est imposée à moi : de l’autre côté du rideau des sens, donc de la visibilité, de l’audibilité, de la sensualité etc. Et qu’y-a t-il derrière ce rideau, dans ce monde qui, en vérité, est au milieu de nous, à notre insu la plupart du temps ? Monde que l’on pourrait nommer celui des invisibles ? Un monde qui, paradoxalement, rapproche les diverses croyances, dont celles dites du Livre, les descendants d’Abraham (Juifs, chrétiens et musulmans), mais pas seulement, et même les incroyants s’y intéressent voire s’y reconnaissent.

La foi nous ferait citer que nous y retrouvons tous ceux qui nous ont précédés, dont des milliards de personnes au nom et au visage inconnus, mais également des

créatures sans corps, de purs esprits. Dans ce que l’on nomme la cohorte céleste on invoque souvent les archanges, chacun avec un nom défini par sa mission, les anges, déclinés en chérubins et séraphins à nouveau selon leur mission, et enfin, l’ange gardien de chacune et de chacun d’entre nous.

Cela en fait du monde me direz-vous, et pourtant il faudrait y ajouter les djins, dans les croyances islamiques. Prisés des poètes romantiques et tout spécialement par le grand Victor Hugo, ils seraient des créatures de feu, invisibles aux hommes,  ces créatures côtoieraient les anges.

Pour moi ce monde est surtout celui où je vois Anne-Marie, ma petite sœur partie trop tôt, à 4 ans, et par elle je comprends ce que l’on nomme la communion des saints : il s’agit d’un compagnonnage, d’une solidarité entre les gens des deux mondes, visible et invisible.

 

La minute philosophique #52 – Les invisibles – YouTube

 

 

Jean-Marie Audrain

Jean-Marie Audrain (782)

Né d'un père photographe et musicien et d'une mère poètesse, Jean-Marie Audrain s'est mis à écrire des poèmes et des chansons dès qu'il sut aligner 3 mots sur un buvard puis trois accords sur un instrument (piano ou guitare). À 8 ans, il rentre au Conservatoire pour étoffer sa formation musicale.
Après un bac littéraire, Jean-Marie suit un double cursus de musicologie et de philosophie à la Sorbonne.
Il se met à écrire, dès cette époque, des textes qui lui valurent la réputation d’un homme doublement spirituel passant allègrement d’un genre humoristique à un genre mystique. D’ailleurs, il reçut de la SPAF (Société des Poètes et Artistes de France) un grand diplôme d’honneur en ces deux catégories.
Dans ses sources d’inspiration, on pourrait citer La Fontaine, Brassens et Devos.
Lors de la naissance du net, il se prit à aimer relever les défis avec le site Fulgures : il s’agissait de créer et publier au quotidien un texte sur un thème imposé, extrêmement limité en nombre de caractères. Par la suite il participa à quelques concours, souvent internationaux, et fut élu Grand Auteur par les plumes du site WorldWordWoo ! .
Il aime également tous les partenariats, composant des musiques sur des textes d’amis ou des paroles sur des musiques orphelines. Ses œuvres se déclinent sur une douzaine de blogs répartis par thème : poésie, philosophie, humour, spiritualité…sans oublier les Ebulitions de Jeanmarime (son nom de plume). Un autre pseudo donna le nom à son blog de poésies illustrées : https://jm-petit-prince.over-blog.com/
Pendant longtemps il a refusé de graver des CD et d’imprimer ses œuvres sur papier, étant un adepte du principe d’impermanence et méfiant envers tout ce qui est commercial. Malgré tout il vient d'autoéditer le florilège de toute en vie et dans tous les syles : https://www.amazon.fr/Petit-Prince-Mots-dit/dp/B0BFVZGNYM et d'écrire des chansons pour 3 CD d'Ophélie Morival (puis pour d'autres voix amies) : https://www.youtube.com/watch?v=Q0bvWkljrlw.
Si vous ne retenez qu’une chose de lui, c’est que c’est une âme partageuse et disponible.

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3 Commentaires
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Colette Guinard
Membre
27 novembre 2021 10 h 19 min

Merci Jean -Marie je connais très bien ce joli poème de Charles
Péguy qui reflète bien le message de l’âme du défunt là pour rassurer les vivants! bonne journée avec mon amitié Colette